Compressions possibles dans les universités québécoises, les employés préviennent que le citron est déjà bien pressé
15 février 2013
Montréal, le
vendredi 15 février 2013 Les employés des universités
québécoises nentendent pas faire les frais des compressions
récemment évoquées. «Le citron a
déjà été pressé et plusieurs fois, prévient Carole Neill, la
présidente du Conseil provincial du secteur universitaire (CPSU,
affilié au SCFP). Merci, mais on
a déjà donné», lance-t-elle pour résumer létat desprit des
quelque 11,000 employés universitaires quelle représente.
Carole Neill rappelle que la surcharge de travail du personnel de
soutien générée par laugmentation des effectifs étudiants, du
personnel enseignant, du personnel de direction et du parc
immobilier est réelle et critique. «Nous avons déjà démontré à quel point cette
situation a un impact sur la qualité de lenseignement et le
service aux étudiants. Malheureusement, déplore-t-elle,
le nombre demployés de soutien a
stagné dans le meilleur des cas et a même diminué dans les pires
cas. Cela nest pas sans conséquences: par exemple, dans plusieurs
établissements, on voit les congés de maladie se multiplier. Quant
aux services rendus par les employés, on constate que les délais et
la qualité en souffrent.»
Quelle sorte
duniversité?
Lors de son point de presse (vendredi matin), la présidente de la
CREPUQ a indiqué à un journaliste quil faudra répondre à la
question «Quelles universités
nous voulons pour lavenir?». La rectrice de lUniversité de
Sherbrooke a le mérite de poser la bonne question. Malheureusement,
la réponse que la CREPUQ voudra y donner se bornera très
probablement à réclamer lautonomie de sa gestion, en omettant bien
de préciser quel genre duniversités les recteurs souhaitent pour
le Québec. «La CREPUQ affirme
vouloir « protéger l’université de toute influence
indue »». Cest un peu court. On
aimerait bien quelle élabore un peu plus sur les rapports entre
les entreprises, luniversité, la recherche et les développements
immobiliers.»
Carole Neill, rappelle que la crise que le Québec a vécue le
printemps dernier «na été que le
point culminant dun profond malaise dont les droits de scolarité
nétaient quune manifestation. On peut identifier le malaise à
laide dune seule question: quelle université voulons-nous
financer? Le nud du problème est là et pas ailleurs.»
Définir luniversité que lon veut
pour le Québec
Le CPSU reprend à son compte les quatre types duniversités
identifiés par le président du Conseil supérieur de léducation,
Claude Lessard. «Le
Québec, explique-t-elle, devra choisir le genre duniversité quil
veut. Il faut vider ce sujet. Sinon, nous risquons comme société de
retomber à répétition dans les mêmes débats voire les mêmes
crises.»
Le premier type, luniversité libérale, lieu de transmission dun
savoir qui est en lui-même sa propre fin.
Deuxième type, luniversité scientifique, qui, grâce à la science
et à sa méthode positive, poursuit une mission essentielle de
recherche de la vérité.
Troisième type, luniversité comme service public qui, sans
renoncer aux exigences académiques, est partie prenante de la
société; elle est une source de progrès social, culturel et
économique.
Quatrième type, luniversité dite entrepreneuriale marquée par: 1)
laccélération de la mondialisation; 2) lémergence dune économie
fondée sur la connaissance; 3) le retrait progressif de lÉtat du
financement de lenseignement supérieur; 4) laccent mis par les
politiques publiques de développement économique sur linnovation.
Les employés des universités québécoises plaident en faveur de
linstauration dune Charte nationale de luniversité québécoise.
Ils estiment que, sans renoncer aux exigences académiques, les
universités québécoises doivent être un service public.
«Pour nous, le choix est clair,
nous voulons une université ouverte aux aspirations de la société
et partie prenante de son développement social, culturel et
économique. Et cela comporte des obligations à légard des
différents acteurs de sa propre communauté.»
Le CPSU
Le Conseil provincial du secteur universitaire (CPSU) regroupe
quelque 10,400 travailleuses et travailleurs des universités
québécoises, principalement des employés de soutien, la très vaste
majorité du personnel technique, métier, bureau, du personnel
professionnel, des chargés d’encadrement et chargés de cours.
Comptant plus de 111,000 membres au Québec, le SCFP est aussi
présent dans les secteurs suivants: les affaires sociales, les
cegeps et les commissions scolaires, lénergie, les sociétés dÉtat
et organismes publics, les ports, les transports aérien et
urbain.