Agressions sexuelles au centre Batshaw – La Cour rejette toutes les accusations contre l’éducateur Alvin Gibbs
1 juin 2004
Montréal, le mardi 1er juin 2004 – Inculpé d’agressions
sexuelles sur des mineurs, un éducateur à l’emploi des centres de
jeunesse et de la famille Batshaw vient d’être acquitté de toutes
les accusations qui pesaient contre lui. En effet, la juge
Élisabeth Corte de la Cour du Québec rejette catégoriquement les
cinq chefs d’accusation à l’encontre d’Alvin Gibbs. Ce jugement
survient sept mois après qu’un arbitre du travail ait, lui aussi,
conclu à l’innocence de l’éducateur.
Pour Alvin Gibbs, c’est la fin d’un long
cauchemar qui aura duré quatre ans. À la suite de l’annonce du
verdict, celui qui a vu sa vie basculer et sa réputation ternie a
déclaré que «la vérité triomphe toujours». Il espère
maintenant que le jugement sans équivoque de la Cour lui permettra
de retrouver, d’ici peu, son emploi, la quiétude d’esprit et une
vie normale.
L’éducateur a vécu un véritable enfer, digne des romans de Kafka.
En octobre 2000, il était suspendu par son employeur, puis congédié
en mars 2001. La direction du centre de la jeunesse et de la
famille Shawbridge, dont dépendent les centres Batshaw où
l’éducateur travaillait, estimait qu’il s’était livré à des
«activités sexuelles» avec des bénéficiaires. Puis, en
septembre 2001, des accusations de nature criminelle étaient
déposées contre Alvin Gibbs, toujours pour les mêmes allégations.
Soutenu par les membres de son syndicat local, affilié au Syndicat
canadien de la fonction publique (SCFP-FTQ), il entreprend alors de
répondre point par point aux accusations portées contre lui.
À la lumière de la sentence arbitrale et du jugement d’aujourd’hui,
il ressort que le jeune à l’origine des accusations a fait un
fausse déclaration à la police. En se présentant comme la victime
d’un éducateur, il espérait ensuite poursuivre le Centre et
demander une compensation monétaire. «Il voulait revenir dans le
système et faire de l’argent en poursuivant le Centre. C’était pour
lui «a big game».» (Extrait du résumé du témoignage du
jeune, p. 13 de la sentence arbitrale.) Ce jeune devait lui-même
reconnaître, par la suite, que ses premières déclarations à la
police n’étaient pas fondées.
Un arbitre ordonne de le réintégrer à son emploi
À la suite du congédiement de l’éducateur, un arbitre de griefs a
été saisi du dossier. En novembre 2003, Me Jean-Marie Lavoie
rejetait toutes les accusations contre l’éducateur. Dans une
décision longue de 103 pages, après 23 séances d’audition étalées
sur deux ans, l’arbitre ordonnait la réintégration immédiate de
l’employé dans ses fonctions.
Le texte intégral de la sentence arbitrale en cliquant ici.
L’employeur a toutefois contesté cette décision arbitrale. Une
révision judiciaire est prévue pour septembre. On ignore si
l’employeur la maintiendra, compte tenu du verdict de la juge
Corte. Malgré deux jugements en sa faveur, l’éducateur n’a toujours
pas réintégré son emploi.
Un premier avril pas drôle du tout
Comme si les fausses accusations et la perte de son emploi ne
suffisaient pas, Alvin Gibbs a aussi été l’objet d’une erreur
journalistique déplorable. Le premier avril 2003, un quotidien
montréalais publiait la photo de la victime d’un hold-up survenu
dans une caisse populaire, un homme cloué à jamais à son fauteuil
roulant, et celle de son agresseur. Mais, plutôt que la photo du
présumé coupable, c’est celle d’Alvin Gibbs qui paraît?
Pour l’agent de griefs George Gawel et le conseiller syndical Gerry
Joyce, cette histoire démontre que les personnes qui travaillent
comme éducateurs ou dans des métiers similaires sont vulnérables
aux accusations sans fondement. «Cela illustre de façon
éloquente l’importance qu’il faut accorder à la présomption
d’innocence dans notre société».