À l’ONF, la crise économique a quinze ans. Il faut y voir!
3 février 2009
Ottawa, le
mardi 3 février 2009 LOffice national du film du Canada
(ONF) célèbre ses 70 ans cette année. Mais lheure nest pas
vraiment à la fête parmi ses artisans. Malmené par des compressions
successives, lONF voit progressivement ses ressources disparaître.
À tel point quon sinterroge sur sa capacité à remplir sa mission.
Face à cet état de fait, employés syndiqués et artisans poussent un
cri du cur: À lONF, la crise
économique a quinze ans. Il faut y voir! Cest sur ce thème
que commence demain une campagne pour réclamer un financement
adéquat de cette institution unique et originale.
Serge Gaspard Gaudreau travaille à lONF
depuis 30 ans. «Tout le monde à
lOffice fait le même constat. Le gouvernement du Canada laisse
dépérir lONF, explique linfographiste. Le montant des crédits budgétaires qui lui
sont alloués est demeuré pratiquement inchangé depuis le milieu des
années 1990. Résultat: on perd une expertise précieuse et des
techniques uniques se perdent aussi, la capacité de création et de
production est amoindrie, de nombreux programmes de collaboration
avec les collectivités sont abandonnés et des centaines demplois
ont été éliminés.»
Dans ce contexte difficile, les 260 employés de lONF membres des
sections locales 2656 et 4835 du Syndicat canadien de la fonction
publique (SCFP) ont décidé conjointement de se porter à la défense
de leur institution. Aussi, les syndiqués entreprennent-ils dès
demain une campagne publique en faveur de lONF.
Vidéoclips sur Internet
Linfographiste, aussi président dun des deux syndicats de lONF
(SCFP), précise que plusieurs grandes figures du cinéma canadien
ont accepté de témoigner de leur passion pour lOffice. Dans de
courts clips vidéo, chacun de ces témoins exceptionnels explique
pourquoi le gouvernement canadien doit soutenir lONF. La campagne
se déroulera principalement sur Internet, en français et en anglais
(scfp.qc.ca, scfp.ca et cupe.ca).
Benoit Pilon et Alanis
Obomsawin
Le 4 février, les deux premiers vidéoclips de la campagne seront
diffusés sur Internet.
Dans le premier, le cinéaste Benoit Pilon y relate ses premières
expériences. Il raconte comment, jeune étudiant, il a pu, grâce à
lexpertise et lexpérience de lONF, compléter son premier court
métrage dans des conditions professionnelles. «Cest à travers lONF et ce premier film-là
que jai eu limpression quon me traitait vraiment comme un
cinéaste alors que jétais un ti-cul qui sortait de
lécole». Pour lui, lONF, est «un joyau de la culture». Il y a deux
semaines, son premier long métrage de fiction intitulé Ce qu’il faut pour vivre a été
considéré dans la course aux Oscars. Il a raté de peu la sélection
finale pour l’Oscar du meilleur film de langue étrangère.
Dans le second vidéoclip à être diffusé demain, Alanis Obomsawin
souligne que lONF est un véritable lieu de «liberté de parole». LONF,
rappelle-t-elle, a été la première institution qui a donné une voix
aux premières nations de ce pays. Pour cette cinéaste
exceptionnelle, «lONF mérite le
respect des politiciens et des gouvernements de ce pays. [
] Cela
me dérange de voir que lONF est toujours coupé alors quil y tant
à faire encore.» Alanis Obomsawin est une cinéaste
documentariste exceptionnelle et prolifique. À lui seul, son film
Kanehsatake (1993) a remporté plus de 18 prix dans le monde.
Les deux vidéoclips, et tous les autres qui suivront, seront
accessibles en ligne aux adresses suivantes: scfp.qc.ca, scfp.ca,
et cupe.ca.
Depuis sa fondation en 1939, l’ONF a créé plus de 13,000 titres,
remporté au-delà de 5000 récompenses, plus de 90 prix Génie, obtenu
plus de 70 nominations aux Oscars tout en décrochant 12 statuettes.
Le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) est fier de
compter parmi ses membres quelque 260 employés et artisans de
lONF. Le SCFP est le premier syndicat en importance au pays avec
plus de 570,000 membres uvrant dans l’éducation, les
bibliothèques, les médias, les municipalités, les services de
garde, la santé, les transports et l’énergie.