Chronique d’une catastrophe annoncée
16 mars 2010
Les contribuables de Sherbrooke devront
débourser un million de dollars pour refaire au complet, dici
lautomne, le toit de laréna Eugène-Lalonde, qui fait partie du
nouveau centre multisport Roland-Dussault. Comme le consortium se
lave les mains des défauts de conception et des problèmes de
drainage du toit, la municipalité doit poursuivre en justice la
firme Axor, qui avait obtenu le contrat dans le cadre dun
partenariat public-privé (PPP).
Cette escalade judiciaire et ces nouvelles
réparations ne sont que le dernier épisode dune pénible saga pour
les citoyens de Sherbrooke depuis que cette compagnie soccupe de
leur centre sportif. Que ce soit les retards dans les travaux ou
les frais de 36,000$ engendrés par le déneigement durgence du toit
lhiver dernier, les embûches se multiplient. Rappelons que la
Ville est aussi devant les tribunaux puisquelle demande quAxor
paie pour ces travaux effectués en hâte pour éviter que le toit
seffondre.
Prévisible selon le SCFP
Ces problèmes en cascades depuis lattribution du contrat en PPP ne
surprend pas outre mesure les dirigeants du syndicat des cols bleus
(SCFP 2729). «On le clame depuis
le début de cette histoire, les PPP coûtent plus cher, il ny
aucune transparence pour le public, aucune flexibilité dans les
clauses et le partage de risque nexiste pas. Cest toujours le
pôle public qui ramasse les factures, le consortium nest jamais
responsable de rien», souligne Rénald Dubé, président du
syndicat. Il en tient pour preuve la récente défense dAxor, qui,
tout en clamant son innocence, poursuit à son tour les deux firmes
quelle avait engagée pour réaliser le plans du centre.
Cet exemple de PPP démontre, aux yeux de bien des experts, que ces
ententes ne sont pas à lavantage des citoyens. Déjà en 2007, le
professeur Pierre J. Hamel de lINRS arrivait à cette conclusion :
«
on ne peut pas prétendre que
les PPP sont plus avantageux pour les municipalités et leurs
citoyens contribuables. »
Les PPP ou le bonheur des
avocats
En effet, les contrats signés offrent peu de flexibilité et une
petite erreur de conception va devenir un véritable cauchemar pour
le partenaire public. La Ville de Sherbrooke le constate
aujourdhui avec ce centre sportif qui présente plusieurs problèmes
majeurs. Un défaut de conception au niveau des drains du toit a
poussé la Ville à poursuivre Axor déjà à deux reprises devant les
tribunaux, ajoutant des frais juridiques aux frais de réparation.
«Si la Ville avait procédé en
mode conventionnel, les drains auraient été bien installés et les
frais davocats évités», de conclure Rénald Dubé.