Charest est bien mal parti!
24 septembre 2003
C’était la rentrée de Jean Charest la semaine dernière. À tous ceux
qui voulaient l’entendre, il a promis la sous-traitance dans le
secteur public dès cet automne. C’est devant 700 militants libéraux
réunis à Laval que le chef du gouvernement a lancé les hostilités.
Voici ce que le quotidien Le Devoir rapportait. «On ne
peut pas interdire au gouvernement, à nos hôpitaux, à nos villes de
faire affaire avec des sous-traitants. On ne peut pas imposer de
telles barrières à une plus grande efficacité. […] Est-ce qu’on
va continuer à bloquer la sous-traitance dans le secteur public,
alors qu’on pourrait être plus efficaces et mieux répondre aux
concepts de gestion?», a lancé le premier ministre dans son
discours de clôture. C’est avec cette préoccupation d’efficacité
que le gouvernement Charest entend réduire dès cet automne le
nombre d’unités d’accréditation syndicales dans les hôpitaux. Le
premier ministre dit viser une meilleure organisation du travail
qui engendrerait de meilleurs services aux patients.
(Le Devoir, lundi 15 sept. 2003)
Alors que les négociations du secteur public ne sont pas encore
commencées et que le dossier de l’équité salariale n’est toujours
pas réglé, c’est au moins sur deux fronts que le gouvernement
libéral prétend nous attaquer. Tout d’abord par un projet de loi
qui forcerait la fusion des unités syndicales dans le secteur de la
santé. Dans les milieux bien informés, on parle d’un projet de loi
pour aussi tôt que la mi-session. En parallèle, le gouvernement
libéral compte aussi amender l’article 45 du Code du travail pour
encourager la sous-traitance dans les établissements de santé, les
municipalités, bref dans tous les corps publics et parapublics. On
aura compris que, dans la santé, la réduction du nombre des
accréditations syndicales tracera la voie royale à la privatisation
d’un grand nombre de services assumés présentement par des employés
du secteur public. En première ligne de front, tous les services
connexes : buanderie, cafétéria, etc.
Les syndicats réagissent
Dans ce contexte, on comprendra la réaction immédiate et vigoureuse
des grands syndicats, en particulier la FTQ, qui a prévenu le
gouvernement Charest qu’il fera face à une mobilisation d’envergure
s’il s’avise d’ouvrir l’article 45 du Code. «L’article 45 du
Code fait partie d’un ensemble de mesures, a rappelé le
président de la FTQ, Henri Massé, qui ont grandement contribué à
établir une certaine paix sociale dans les milieux de travail.
C’est cette même paix sociale qui est directement menacée par les
propos du premier ministre Charest. L’annonce de modifications à
l’article45 procède clairement d’une démarche idéologique et n’a
aucun fondement dans l’amélioration des relations de travail ou la
compétitivité des entreprises ou des administrations publiques.
Nous allons nous y opposer avec la plus grande vigueur»,a-t-il
ajouté. «Avec ce que propose le gouvernement Charest, la
dégradation des conditions de travail deviendrait automatique et
généralisée, sans aucun recours pour les travailleurs. C’est tout à
fait inacceptable», a poursuivi M. Massé. Encore récemment,
l’exemple des travailleurs de Bombardier qui sont passés du jour au
lendemain de salaires de 19 dollars l’heure à 8 dollars l’heure
nous a rappelé les dangers d’un nivellement par le bas des
conditions de travail. Ces travailleurs vivent aujourd’hui des
drames sociaux, économiques et humains. Dans le cas de Bombardier,
l’entreprise sous-traitante a décrété un lock-out des employés de
cafétéria pour se soustraire à l’obligation de respecter les
conditions de travail antérieures. Et les employés ont déclenché la
grève pour les faire respecter.»
Mobilisation au SCFP
Les annonces de la semaine dernière ont aussi suscité les passions
dans les rangs du SCFP et ont été au cur des discussions du Bureau
de direction. Les élus, qui représentent les 100,000 membres
québécois du SCFP, travaillent présentement à un plan d’action et
de mobilisation. D’ici peu, nous aurons l’occasion de revenir de
manière plus concrète sur les actions qui seront envisagées. Une
histoire à suivre?