«C’est clair: certaines corrections doivent être apportées au projet de loi»
20 février 2014
La Fédération des travailleurs et
travailleuses du Québec (FTQ) et le Syndicat canadien de la
fonction publique (SCFP) ont pris connaissance du projet de loi déposé jeudi matin par la ministre
Agnès Maltais sur la restructuration des régimes de
retraite dans le
secteur municipal. Pour les secrétaires généraux Serge Cadieux de
la FTQ et Denis Bolduc du SCFP-Québec, plusieurs des éléments
contenus dans le projet de loi appuient ce que leurs syndicats
défendent aux tables de négociation, alors que dautres
intervenants remettent carrément en cause les principes de la libre
négociation. Il y a de quoi sinquiéter, selon eux. La FTQ et le
SCFP présentent leurs premières réactions, sous réserve dune
analyse plus approfondie.
«Tout dabord, a commenté Serge Cadieux, lobligation faite aux parties de produire
une évaluation actuarielle préalablement à tout exercice de
restructuration des régimes de retraite nous apparaît comme une
condition de base essentielle. Selon une étude de la firme Mercer
publiée en janvier dernier, il y a maintenant près de 40% des
régimes de retraite qui sont pleinement capitalisés,
comparativement à 6% au début de lannée 2013. Il est donc
primordial davoir les données les plus récentes avant de procéder
aux travaux.»
«Nous sommes
heureux aussi que le gouvernement ait adhéré à lapproche mise de
lavant par le SCFP-Québec, soit la création dun Fonds de
stabilisation et dindexation. Il sagit dune réserve créée en
partie par les cotisations de nos membres, qui permet en priorité
dabsorber les fluctuations de rendement, et ainsi dassurer ainsi
un meilleur financement de nos régimes de retraite. Cette approche
responsable a été saluée tant par la très grande majorité des
employeurs que par les firmes dactuaires et différents acteurs du
milieu», a tenu à préciser Denis Bolduc du SCFP-Québec.
Des bémols
Malgré ces aspects positifs, il y a de nombreux points
dachoppement. Ainsi, la FTQ et le SCFP ont des réserves quant à la
possibilité quun tiers, soit ici la Commission des relations du
travail (CRT), puisse décider, à la place des parties, des
modifications à apporter à un régime de retraite. Les organisations
syndicales se réjouissent que la ministre ait retenu leur
proposition dun comité de conciliation avec assesseurs, bien que
les pouvoirs accordés à la CRT présentent encore de nombreux points
dinterrogation.
«Pour nous, il est clair que la
CRT ne devrait en aucun cas pouvoir rendre une décision qui
toucherait au service passé. Il est aussi hors de question de
sattaquer aux retraités en remettant en cause des droits acquis.
On ne change pas les règles du jeu rétroactivement», ont
insisté les deux dirigeants syndicaux.
Évitons le mur-à-mur
De plus, le projet de loi prévoit dimposer un partage des coûts à
50-50 sur une période de cinq ans. La FTQ et le SCFP demandent à la
ministre de retirer cette obligation et de laisser aux parties le
soin den décider dans un contexte plus global, qui pourrait
inclure une réorganisation du travail ou le renouvellement dune
convention collective.
«Nous sommes en présence, ici, dune obsession qui frise le
dogmatisme, alors quune telle démarche commande le plus grand
pragmatisme. Nous irons en commission parlementaire faire la
démonstration quon peut arriver à une meilleure capitalisation
sans passer nécessairement par un partage 50-50. Certains régimes
pleinement capitalisés actuellement sont dans un partage 45-55 ou
40-60 des cotisations. En matière de régimes de retraite, il faut
absolument éviter le mur-à-mur, puisque chaque régime a ses
propres particularités», dajouter dune seule voix Serge
Cadieux et Denis Bolduc.
La FTQ, la plus grande centrale syndicale au Québec, représente
plus de 600,000 travailleurs et travailleuses. Le SCFP-Québec
compte plus de 110,000 membres, dont plus 30,000 dans les
municipalités, soit la grande majorité des employés municipaux du
Québec.