Ces CHU en PPP dont les partis politiques ne veulent pas parler
3 avril 2014
La campagne électorale bat son plein et la
question des CHU en PPP est rarement évoquée. Pourtant, les CHU en
PPP ont un poids considérable sur nos finances publiques et le
processus d’attribution des contrats pose encore plusieurs
questions auxquelles nous n’avons toujours pas reçu de réponse.
C’est pourquoi nous interpellons les partis politiques sur leurs
positions respectives sur les CHU en PPP.
Le poids des PPP sur nos finances
publiques
Il est étonnant de voir que la question des
partenariats publics-privés (PPP) en santé ait occupé si peu de
place dans la présente campagne électorale. Outre un dossier paru
cette semaine dans les médias, la question des deux CHU en PPP est
pratiquement absente des enjeux évoqués par les différents partis
politiques. Pourtant, plusieurs révélations des derniers mois ont
démontré les nombreuses problématiques reliées à ces PPP. Ces
projets coûteront plus de 6 milliards aux Québécoises et Québécois
et les coûts réels auront plus que doublé par rapport aux annonces
initiales.
La firme Secor-KPMG annonçait en 2012 que les
coûts de construction du CHUM explosaient de 127% et au CUSM de
78%. «Au moment où la classe
politique nous parle de la capacité de payer de l’État, on s’étonne
que peu de politiciens s’inquiètent des sommes astronomiques qui
sont actuellement dépensées dans les CHU en PPP. Pendant qu’on
paiera ces PPP pendant trente ans, on devra continuer de subir des
compressions budgétaires dans nos services publics»,
avancent les porte-parole.
Récemment, l’État français est venu à la conclusion qu’il serait
moins coûteux de racheter le contrat du plus gros PPP en santé en
France que de le mener à terme. Le rachat du contrat en PPP du
Centre hospitalier sud-francilien (CHSF) a été rendu nécessaire en
raison des coûts faramineux de ce projet et du relevé de plus de
8000 malfaçons en seulement deux ans. L’État français pense
économiser entre 600 et 700 millions d’euros en se libérant du
poids de ce PPP.
«On voit ainsi qu’il est non
seulement possible mais encore plus absolument justifié de trouver
une solution aux PPP en santé. Est-ce que la récente ouverture du
centre de recherche du CHUM en PPP s’accompagnera de problèmes
semblables à ceux vécus par les Français», demandent les
porte-parole.
Une absence de transparence plus
que questionnable
On doit de plus questionner l’opacité qui entoure les
CHU en PPP. Il est impossible de consulter les contrats et de
savoir ce qui attend les Québécoises et Québécois pour les trente
prochaines années. Les nombreuses demandes d’information ont
toujours été rejetées du revers de la main. Cela est d’autant plus
préoccupant que plusieurs entreprises liées au CHU en PPP sont
présentement accusées de fraude et de corruption devant les
tribunaux.
«La population québécoise a le droit de savoir dans quoi on l’a
embarquée. Comment se fait-il qu’on ait coûte que coûte choisi la
voie des PPP? Comment se fait-il qu’on n’ait pas tenu compte des
signaux d’alarme lancés à plusieurs reprises par le vérificateur
général et plusieurs autres organisations», de poursuivre
les porte-parole.
L’ensemble du processus qui a mené à la signature des contrats des
CHU en PPP pose trop de questions pour que l’on accepte d’en rester
là. La responsabilité des partis politiques est de nous assurer que
les choses ont bel et bien été faites dans les règles de l’art. À
cet effet, nous demandons aux partis politiques de nous indiquer
quelles sont leurs positions concernant le recours aux PPP en
santé. Nous souhaitons de plus savoir ce qu’ils comptent faire
concernant les PPP en cours et plus particulièrement concernant les
CHU en PPP.
«Nous sommes plusieurs organisations préoccupées par les risques
que ces projets représentent pour l’avenir de nos services publics
et l’intégrité de nos institutions. Nous interpellons aujourd’hui
les partis politiques et leur demandons quelles sont leurs
solutions», de conclure les porte-parole.
Organisations qui appuient cette
démarche:
Coalition Solidarité santé
Confédération des syndicats nationaux (CSN)
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)
Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ)
Médecins québécois pour le régime public (MQRP)
Secrétariat intersyndical des services publics (SISP)
Regroupement provincial des comités des usagers (RPCU)