Le débat des assurances collectives
29 août 2004
Le secteur de la santé et des services sociaux
est en pleine campagne d’allégeance syndicale. Parmi les sujets qui
retiennent l’attention, celui des assurances revient constamment.
Lors d’une récente rencontre, Claude Généreux, militant de longue
date et secrétaire-trésorier du SCFP, expliquait que notre secteur
des affaires sociales avait fait le choix d’assurer les
catastrophes. Il faisait remarquer alors que les valeurs de
solidarité, les fondements mêmes du SCFP, commandaient que les
membres soient assurés contre les maladies à long terme et que leur
salaire soit garanti jusqu’à la retraite s’il le faut,
contrairement à ce que d’autres organisations syndicales avaient
choisi.
À cet égard, le témoignage de Chantal Beaumier est plus
qu’éloquent. Malheureusement, son cas n’est pas unique.
«À mes anciennes et anciens collègues de
travail»
Juste un petit mot d’abord pour vous dire que je vais relativement
bien. La sclérose en plaques étant ce qu’elle est, c’est-à-dire une
maladie insidieuse et dégénérative, je garde pour l’instant un
certain contrôle sur elle. Aucun excès ne m’est permis et je dois
mener un rythme de vie extrêmement discipliné. Je pense souvent à
vous tous et particulièrement en ce moment avec tout ce qui se
passe à cause de la fusion des syndicats.
Je m’adresse à vous aujourd’hui dans le but de mettre en relief une
notion très importante qui aura un impact majeur dans le choix que
vous aurez à faire. Pourquoi devriez-vous voter pour le SCFP? Pour
ma part, si je n’avais pas été syndiquée au SCFP, je serais
actuellement dans une bien malheureuse situation.
La santé est un «bien» extrêmement précieux, vous le savez tous
sans doute. En 1992, lorsque j’ai été diagnostiquée comme ayant la
sclérose en plaques, j’avais à peine 27 ans. J’étais bien jeune et
bien loin de penser que ma vie basculerait ainsi. Au-delà de la
maladie, s’il fallait en plus que je n’aie plus mon revenu
d’assurance salaire long terme, ma vie serait sans aucun doute un
parcours rempli d’embûches et de misère qui auraient, j’en suis
certaine, pour effet d’accélérer le processus de la maladie.
Dans les groupes d’entraide auxquels je participe lorsque la santé
me le permet, je rencontre régulièrement des hommes et plus souvent
des femmes (puisque nous sommes plus nombreuses à avoir la maladie)
qui ont tout perdu parce qu’ils n’étaient pas couverts par une
assurance salaire long terme. C’est pour eux la grosse misère et
lorsque mis au courant de mes conditions de vie, ils m’envient.
Je remercie sincèrement mon syndicat d’avoir inclus dans la
convention collective l’assurance salaire longue durée et ce, sans
preuve d’assurabilité. Ma vie n’est pas qu’un calvaire. Je ne vis
pas un vrai conte de fée, bien sûr, mais s’il fallait en plus y
ajouter des difficultés financières? Je n’ose même pas y penser.
Mon conjoint, ma fille et moi n’aurions certainement pas les mêmes
conditions de vie.
Mes plus sincères salutations
Chantal Beaumier