ÇA A L’AIR DE QUOI LA RÉMUNÉRATION D’UN CHEF D’ENTREPRISE?
10 novembre 2003
Le fait que les employés de l’État demandent des augmentations de
12,5% sur trois ans en a fait bondir plus d’un. Quoi? Des gens qui
gagnent en moyenne 35,000$ par année osent demander des hausses de
salaire supérieures à l’inflation. Quelle horreur! Mais où est donc
passé leur sens civique?
Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre! Pendant ce temps, Charest
entend maintenir les abris fiscaux qui profitent aux fortunés, et
veut absolument réduire les impôts pour favoriser les mieux nantis.
Et les bien-pensants, eux, ne se scandalisent pas des revenus des
dirigeants de nos grandes d’entreprises? La dernière édition
spéciale du Financial Post, distribuée par le quotidien
La Presse le 5 novembre dernier, nous en apprenait
d’ailleurs de belles à ce sujet. Dans un «bulletin des pdg»
très pédagogique, on constatait que les patrons ne se gênent guère
quand il s’agit de leurs propres salaires.
À titre d’exemples, voici les montants qu’ont touchés, en 2002,
certains chefs d’entreprise.
Pierre Karl Péladeau (Quebecor) 1 442 000$
Robert Brown (Bombardier) 1 660 000$
Robert Milton (Air Canada) 1 128 000$
Louis Audet (Cogeco) 835 000$
Jean-Marc Eustache (Transat A.T.) 949 000$
Rémi Marcoux (Transcontinental) 1 802 000$
Et encore, ils font figure de parents pauvres si on les compare à
leurs confrères qui, eux, ont de «vrais» salaires :
Jacques Lamarre (SNC-Lavalin) 5 506 000$
Michael Sabia (BCE) 3 399 000$
Alain Bouchard (Couche-Tard) 6 634 000$
Paul Tellier (Canadien National) 9 892 000$
Daniel O’Neill (Molson) 18 821 000$
Pierre Lessard (Métro) 28 310 000$
Évidemment, dans ce contexte, on comprend notre premier ministre et
ses acolytes de trouver un peu exagéré que les «manants» demandent
12,5% en trois ans, surtout quand ils en gagnent déjà 35,000 $ par
année?