Une lettre ouverte au premier ministre Stephen Harper
3 juin 2013
Une coalition formée duniversitaires, de
journalistes, de comédiens et de chefs syndicaux envoie une lettre
ouverte au Premier ministre Stephen Harper aujourdhui. Ils
demandent le retrait des dispositions du projet de loi de mise en
oeuvre du budget (C-60) qui permettraient au Conseil du Trésor
dintervenir directement dans les négociations des sociétés dÉtat,
incluant Radio-Canada et Postes Canada.
La Chambre des communes doit voter sur le projet de loi C-60 cette
semaine.
La lettre a déjà été signée par 89 personnes influentes du Québec
et du reste du Canada, dont le secrétaire général du SCFP Québec
Denis Bolduc, lancien président du Conseil canadien des relations
industrielles, Warren Edmonson, le président du Congrès du travail
du Canada, Ken Georgetti, les professeurs de communications Colette
Brin et Jean-Hughes Roy de luniversité Laval et de lUQAM,
lancien vice-président de Radio-Canada, Sylvain Lafrance, et
Daniel Boyer, secrétaire général de la Fédération des travailleurs
du Québec.
La lettre:
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Le très honorable Stephen Harper, C.P., député,
Premier ministre du Canada
Nous, soussignés, sommes profondément préoccupés par les
dispositions du projet de loi omnibus de mise en uvre du budget
(C-60) qui autorisent le gouvernement à intervenir directement dans
les négociations entre les employés et leurs employeurs dans 49
sociétés dÉtat, dont Radio-Canada, Postes Canada et Via Rail.
Les modifications apportées par le projet de loi C-60 à la Loi sur
la gestion des finances publiques vont à lencontre de lesprit du
Code canadien du travail, soit de favoriser létablissement de
saines relations entre travailleurs et employeurs pour servir «
lintérêt véritable du Canada en assurant à tous une juste part des
fruits du progrès. » Ces modifications portent atteinte à lune des
libertés fondamentales de la démocratie canadienne : le droit à la
libre négociation collective.
Bien que les sociétés dÉtat soient censées être indépendantes du
gouvernement, celui-ci dispose déjà de pouvoirs importants à leur
égard puisquil nomme les personnes qui président ces sociétés et
siègent à leurs conseils dadministration.
Si le projet de loi C-60 est adopté, lingérence du gouvernement
dans les négociations de Postes Canada avec ses employés, en 2011,
deviendra une caractéristique permanente pour toutes les sociétés
dÉtat. Les nouveaux pouvoirs du gouvernement nuiront aux relations
entre les sociétés dÉtat et leurs employés, ce qui aura, selon
nous, des conséquences négatives sur la société et léconomie
canadiennes durant de nombreuses années.
De plus, en participant directement aux décisions de la direction
de Radio-Canada et de CBC, le gouvernement pourrait intervenir
directement dans la programmation et les affectations du plus grand
service de nouvelles au pays. Il sagit dune limite à ne pas
franchir dans un pays démocratique.
Nous croyons que ce projet de loi restreindra le droit des
travailleuses et travailleurs canadiens et de leurs employeurs à
négocier collectivement des salaires et des conditions de travail
équitables.
Nous vous demandons de retirer ces nouveaux pouvoirs sans précédent
du projet de loi C-60.