Bientôt la signature d’une nouvelle convention collective
29 mars 2003
Les deux syndicats des employés de Vidéotron ont ratifié l’entente
de principe intervenue il y a exactement une semaine. Lors d’une
assemblée tenue à Laval, le SCFP 2815 a approuvé l’entente à 77,6%
tandis qu’à Québec, les membres du 1417 ont donné leur aval à
84,5%. Cette entente survient après 322 jours d’un long et
acrimonieux conflit de travail.
Point majeur de l’entente, la vente des technciens à la firme
Entourage (Alentron) sera annulée dès la signature de la nouvelle
convention collective qui, estime-t-on, devrait avoir lieu dans
environ deux semaines. Ce point est majeur, d’autant plus que
l’employeur avait maintes fois affirmé qu’il était «impossible
de reculer», alléguant que l’équipement, les camions, les
outils ne lui appartenaient plus. «Le chèque est encaissé et
c’est terminé», avait-on répété du côté de l’employeur.
La compagnie a aussi reculé sur l’importante question du centre
d’appel qui a constitué un énorme enjeu, bien que cet aspect du
dossier ait été moins médiatisé que la vente du service technique.
Rappelons qu’en juin, alors que le conflit faisait rage, Vidéotron
fermait son centre d’appel de la rue Ogilvy, à Montréal, et
décidait de tout transférer à Saint-Hubert, sur la rive sud, dans
un lieu où il n’y a pas de transport en commun. En tenant compte du
temps de déplacement, la journée de travail de centaines d’employés
venait d’être allongée de plusieurs heures. Dans certains cas, cela
aurait représenté une absence quotidienne du domicile d’une durée
de 14 heures! En cette époque où les deux conjoints travaillent et
où les enfants sont confiés à la garderie, il est facile de
comprendre pourquoi cet enjeu, qui n’existait pas au moment du
déclenchement du conflit le 8 mai 2002 (la compagnie avait annoncé
la fermeture en juin), s’est retrouvé au coeur des discussions des
derniers mois.
Sur ce point aussi, l’employeur a dû reculer. L’entente prévoit
qu’un centre d’appel sera construit rue Viger, à Montréal, à
proximité d’une station de métro.
Pour la partie syndicale, le règlement se compose aussi de
concessions, dont notamment la réduction du personnel. Au total,
268 postes seront abolis, dont 120 parmi les techniciens. Mais ces
abolitions se font sans aucune mise à pied. La réduction des
effectifs s’effectuera à la faveur d’un programme spécial de
départs volontaires, en vertu duquel les employés pourront toucher
de 15 à 18 mois de salaire. Le programme s’adresse à l’ensemble des
employés et non pas aux seuls techniciens.
D’autre part, les salaires sont gelés pour les trois premières
années du contrat (2002, 2003 et 2004) tandis que des augmentations
annuelles de 2,5% seront versées aux employés en 2005 et aussi en
2006. Même si les pourcentages de sous-traitance autorisés par la
convention sont relevés, conséquence directe des départs
volontaires, il importe de préciser que l’encadrement de la
sous-traitance a été amélioré. Les règles de vérification des
heures ainsi travaillées par des employés extérieurs seront
contrôlées sur une base mensuelle plutôt qu’annuelle.
L’éditorailiste du Devoir Jean-Robert Sansfaçon résume ainsi
le règlement: «De leur côté, pour éviter qu’une partie des leurs
soit transférée, l’ensemble des employés accepte de partager la
facture et consent un léger recul de ses conditions de travail.
Environ 270 des 2200 postes seront supprimés grâce à la mise en
place d’un programme de départs assistés. Au chapitre des
conditions de travail, les employés feront 2,5 heures de plus par
semaine pour un même salaire, lui-même gelé jusqu’en 2005; le
nombre de jours fériés passe de 16 à 14, et celui des congés de
maladie, de 15 à 10. Quant aux vacances, particulièrement
généreuses chez Vidéotron, elles ne dureront plus que… six
semaines au lieu de huit. Finalement, Vidéotron pourra un peu plus
souvent faire appel à la sous-traitance, à la condition que cela
n’entraîne aucune mise à pied. En somme, ce que Quebecor a obtenu
lui permettra de réduire ses coûts sans atteinte grave à la qualité
des conditions générales de travail des employés, qui demeure
supérieure à la moyenne.»
Signalons enfin que le retour au travail des employés se fera
progressivement selon les fonctions. Il s’échelonnera sur huit ou
neuf semaines, après la signature de la convention.