Barrer la route aux conservateurs
8 octobre 2008
Dans une
lettre ouverte qu’ils signent conjointement, Pierre Céré,
porte-parole du Conseil national des chômeurs et chômeuses (CNC),
Claudette Carbonneau, présidente de la Confédération des syndicats
nationaux (CSN), Réjean Parent, président de la Centrale des
syndicats du Québec (CSQ) et Michel Arsenault, président de la
Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ)
expliquent pourquoi ceux qui tiennent à un vrai régime
d’assurance-chômage doivent voter contre les conservateurs.
Nous en sommes venus à la conclusion qu’il n’y aura pas
d’améliorations au régime d’assurance-emploi si nous n’arrivons pas
à barrer la route aux conservateurs. Ce parti, qu’il forme un
gouvernement minoritaire ou majoritaire, est dans son essence même
opposé à toute forme de bonifications de ce régime.
Minoritaires
et dangereux
Même minoritaires, les conservateurs ont souvent frôlé l’indécence.
Combien de fois n’avons-nous pas entendu l’expression de préjugés,
frisant le propos haineux? Ces gens croient que l’assurance-emploi
est une «retraite dorée»,
un «mode de vie» ou une
«façon d’être».
Ce parti conservateur, s’il devait être majoritaire, n’hésiterait
pas à obliger des travailleurs à quitter leur domicile, leur lieu
de vie et leur région pour déménager vers d’autres régions
canadiennes, là où il y a du travail, comme dans le nord de
l’Alberta. Ce parti conservateur, s’il devait accéder à la majorité
gouvernementale, n’hésiterait pas non plus à répondre favorablement
au lobby patronal qui cherche à faire diminuer sa cotisation au
régime.
L’assurance-emploi doit retrouver sa mission première
La mission du régime d’assurance-emploi, créé en 1940, est simple
mais combien importante et structurante: protéger les travailleurs
en leur assurant une sécurité économique entre deux emplois,
c’est-à-dire en période de chômage.
Malheureusement, au cours des années 1990, conservateurs et
libéraux se sont acharnés sur ce régime, au point de réduire sa
couverture au niveau actuel de 46% alors qu’elle s’établissait en
1990 à plus de 80%.
Ces importantes compressions expliquent pourquoi la caisse
d’assurance-emploi s’est mise à faire d’énormes surplus que le
gouvernement, année après année, a confisqués (57 milliards en 12
ans). Ces procédures ont été ignominieuses, et ont continué sous le
dernier gouvernement conservateur.
2004: un début de réponse
Le gouvernement minoritaire de Paul Martin en 2004 et 2005 avait
commencé à apporter un début de réponse à nos campagnes de
pression. Il mettait alors en marche ce qui a été baptisé les
«projets pilote»,
s’appliquant à certaines régions désignées, et cherchant à atténuer
certains effets pervers des compressions de 1996.
Il y avait là un début de réponse, insuffisant bien sûr, mais qui
nous permettait en novembre 2006, avec des libéraux revenus dans
l’opposition, de lancer une initiative, somme toute inédite :
s’asseoir avec des députés des trois partis de l’opposition (Bloc,
NPD, Parti libéral) et chercher une formule d’améliorations à
apporter au régime d’assurance-emploi. Cela s’est traduit par un
projet de loi, C-269, qui tout au cours des procédures
parlementaires, a été voté par une majorité de députés, mais stoppé
le 30 novembre 2007 par un gouvernement conservateur minoritaire,
car disposant d’une prérogative (sanction royale) s’apparentant à
un droit de veto.
Favoriser des changements
Dans le cadre de la présente campagne électorale, nous constatons
que le parti conservateur préconise le statut quo.
Nous croyons sincèrement que le régime d’assurance-emploi doit
retrouver sa vocation première. Dans un monde où l’emploi est
souvent précaire, et les difficultés économiques réelles, surtout
dans un contexte de crise économique, il importe de se doter de
telles protections sociales. Les conservateurs sont à l’opposé
d’une telle vision. C’est pourquoi, le 14 octobre, il faut leur
barrer la route.