«Les députés libéraux doivent s’opposer au bâillon et demander le retrait du projet de loi 10!»
4 février 2015
Dans une lettre quelle adresse aujourdhui
aux députés libéraux, la Coalition solidarité santé, dont fait
parti le SCFP, demande de ne pas voter de bâillon pour ladoption
du projet de loi 10 (PL 10), mais plutôt de rappeler à lordre le
ministre Barrette pour quil retire son projet de loi et tienne de
véritables consultations sur lavenir du réseau public de santé et
de services sociaux.
La Coalition réagit ainsi à la rumeur voulant que le gouvernement
sapprête à imposer un bâillon dans les prochains jours pour forcer
ladoption de son projet de loi modifiant lorganisation et la
gouvernance du réseau de la santé et des services sociaux notamment
par labolition des agences régionales.
Dans les derniers mois, la Coalition a rencontré une vingtaine de
députés, majoritairement du PLQ, à leurs bureaux de
circonscription. Si certains ont laissé entendre quil ny avait
pas unanimité dans le caucus, la Coalition remarque que « beaucoup
de ces députés étaient peu ou pas informés sur le PL 10, sur ses
impacts, sur les enjeux sous-tendus et les dangers quil entraîne,
de même quà propos de lopposition généralisée qui sest
manifestée en commission parlementaire. »
La Coalition se dit convaincue que le PL du
ministre natteindra pas les objectifs visés. Par exemple, le
ministre Barrette prétend que son PL va faire économiser 220 M$,
mais la Coalition rappelle que cétait aussi ce que prétendait
Philippe Couillard il y a dix ans, en 2004, quand il a réalisé les
fusions qui ont créé les CSSS. « Pourtant, depuis 10 ans, le budget
de la santé a doublé, ce nest pas ce quon pourrait appeler des
économies! », fait remarquer Jacques Benoit, coordonnateur de la
Coalition. La Coalition doute fort que poursuivre les fusions à
plus grande échelle encore améliore la situation.
Autre élément que soulève la Coalition dans sa lettre: les
contradictions dans le discours du ministre et de son gouvernement.
Alors que larticle 1 du PL définit comme objectif de «favoriser et
de simplifier laccès aux services pour la population», le ministre
Barrette a déclaré à de très nombreuses reprises en commission
parlementaire que son projet de loi nétait « pas fait pour
sadresser à laccès » . Pire, le premier ministre a déclaré que le
PL allait supprimer « un niveau intermédiaire de gestion pour
redonner largent pour les soins aux patients », pendant que le
ministre Barrette déclarait de son côté à Radio-Canada que les 220
M$ ne seraient pas réinvestis, mais serviraient à latteinte du
déficit zéro! « Qui devons-nous croire? À qui la population
doit-elle se fier?», demande Jacques Benoit.
Mais ce qui inquiète le plus la Coalition, cest que le PL 10 nest
quun élément du puzzle (PL 20, PL 28, et dautres encore à venir)
« constituant une réforme majeure qui modifiera profondément le
système public de santé », écrit-elle dans sa lettre. « Le ministre
nous demande de juger ça à la pièce et de lui faire confiance pour
le reste », fait remarquer M. Benoit. « À la lueur de toutes ces
contradictions, et de tous les enjeux que cela soulève, ça nous est
impossible : nous navons plus confiance. », explique la lettre.
M. Benoit était accompagné de Jeff Begley (FSSS-CSN), Claire
Montour (FSQ-CSQ), Martine Robert (APTS), Serge Morin (SCFP),
Mercedez Roberge (TRPOCB), Diana Lombardi (RAFSSS) et Doris
Provencher (AGIDD), des organisations membres de la Coalition
solidarité santé. Cest ensemble quils ont parlé de cet appel aux
députés du PLQ, rappelant leur responsabilité envers la population
qui les a élus, dans toutes les régions du Québec, une population
qui compte sur eux pour défendre le système public de services
sociaux et de santé. « Nous avons bâti ce système public pour avoir
notre mot à dire sur notre santé, pas pour nous faire bâillonner!
», conclut Jacques Benoit.
À propos de la Coalition
solidarité santé
La Coalition solidarité santé regroupe une quarantaine
d’organisations syndicales, communautaires et religieuses. Depuis
sa fondation en 1991, ses actions ont toujours été motivées par la
défense du droit à la santé pour l’ensemble de la population
québécoise, et ce, sans égard au statut ou au revenu des citoyennes
et citoyens. Elle défend le caractère public, la gratuité,
l’accessibilité, l’universalité et l’intégralité des services de
santé et des services sociaux.