Le rédacteur en chef du Journal de Québec est formel… dans son ignorance
29 janvier 2008
(MMQ) Le rédacteur en chef du Journal de Québec estime quil nest
«pas pertinent» pour lui de savoir qui sont les auteurs des
articles de Canoë qui sont publiés dans le Journal depuis le début du lockout.
«Je sais que nous publions des
textes de Canoë. Qui les écrit? Je ne sais pas», a affirmé
Serge Gosselin, hier, lors de son témoignage devant la commissaire
du travail, Myriam Bédard, qui entend les plaintes du syndicat des
employés du Journal de
Québec concernant lutilisation alléguée de briseurs de
grève ou scabs.
Interrogé par Me Yves Morin,
lavocat des syndiqués, Serge Gosselin a dit naccorder que très
peu dimportance à lidentité des journalistes qui ont été
embauchés dabord par Canoë, branche du groupe Quebecor, puis par
lagence Nomade, qui vend les textes à Canoë, et dont les textes
sont repris depuis le 22 avril dernier dans le Journal de Québec.
«Je sais que
lagence Nomade a des employés, mais je ne sais pas qui ils sont.
Ce nest pas pertinent. Je nai pas besoin de le savoir»,
a-t-il dit, provoquant létonnement de Me Morin, qui semblait se
demander comment le patron de la rédaction dun journal pouvait se
ficher ainsi de la provenance des textes.
Ferron se lance dans le
journalisme
Auparavant, le directeur de linformation, Donald Charette, a
reconnu que le Journal
avait acheté de la firme Communication Conseil Ferron, entre le 27
avril et le 2 juin 2007, des articles produits par Bernard Plante
et Dominic Salgado.
«Après le 22 avril (date
du déclenchement du conflit), nous avions besoin de couverture locale. Nous
cherchions quelquun pour fournir des textes et des démarches ont
été faites par notre directeur des ressources humaines, Ronel
Tremblay», a dit M. Charette. Cest ainsi que la firme de
Jean Ferron, qui est un «ami
personnel» de Donald Charette, a commencé à produire des
textes dinformation, du travail quelle navait jamais fait avant
le lock-out au Journal de
Québec.
La collaboration avec Communication Ferron (qui coûtait cher, selon
Serge Gosselin) a pris fin quand Canoë est entré dans le décor, au
début de juin. Comme Canoë fait partie de la grande famille
Quebecor, le Journal de
Québec na pas à débourser un sou pour utiliser ses textes,
a signalé M. Gosselin.
«Ridicule»
Le porte-parole des syndicats du Journal de Québec, Denis Bolduc, nen
revenait pas davoir entendu le «rédacteur en chef dire à la commission quil
lui importe peu de savoir qui écrit dans le journal pour remplacer
les journalistes en lockout». Limportant pour lui, cest davoir des
textes pour remplir le journal. Cest ridicule», a dit Denis
Bolduc.
Ordonnance de sauvegarde
Par ailleurs, lavocat du syndicat, Me Yves Morin, a
annoncé son intention de présenter une requête en ordonnance de
sauvegarde à la Commission des relations du travail lorsquil aura
terminé de faire sa preuve. Une telle requête, si elle était
acceptée, empêcherait les travailleurs visés par les plaintes de
continuer dalimenter le Journal
de Québec pendant les procédures devant la Commission.