De nouveaux documents secrets sur l’entente entre le Canada et l’UE montrent que le Canada est « ouvert » à la privatisation de l’eau
26 janvier 2012
Des documents secrets sur les négociations
commerciales entre le Canada et lUnion européenne montrent que le
Canada et les provinces nont prévu aucune protection pour les
services deaux potables et usées contre des règles qui
favoriseraient et enchâsseraient la privatisation, selon le
Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) et le Conseil des
Canadiens. Stephen Harper fait ainsi savoir à lUE, affirment les
organisations, que le Canada est «ouvert» aux grandes entreprises
européennes des eaux qui considèrent que les services publics deau
constituent une barrière à leurs investissements.
Les documents, rendus publics hier par le Réseau québécois sur
lintégration continentale (RQIC) et le Réseau pour un commerce
juste, montrent les offres initiales en matière de services et
dinvestissement faites par le Canada à lUE dans le cadre des
négociations de lAccord économique et commercial global (AECG).
Ils énumèrent des domaines ou des secteurs qui doivent être
soustraits à la libéralisation, cest-à-dire la déréglementation ou
la re-réglementation en fonction du marché favorable aux
investissements des multinationales. Les services deau ne font pas
partie de la liste; ils sont donc automatiquement inclus dans
laccord.
«Même les négociateurs européens
demandent que leau soit exclue de lAECG. Il sagit dun immense
cadeau offert aux sociétés des eaux par le gouvernement Harper et
peut-être par certaines provinces qui veulent faire une plus grande
place à la privatisation de leau dans nos villes et villages et
qui considèrent cet accord de commerce comme un outil pour arriver
à leurs fins», affirme Maude Barlow, présidente nationale du
Conseil des Canadiens.
«Les
Canadiens font confiance aux services deau et dassainissement
dont la propriété, lexploitation et la prestation sont
publiques, soutient quant à lui Paul Moist, président
national du SCFP. Leau et
dautres services essentiels comme la santé, le transport en
commun, les services postaux et lénergie sont vitaux pour nos
collectivités. Si les négociateurs européens sont prêts à les
protéger, pourquoi le Canada ne le fait-il pas? Nous devons
débattre de cet accord maintenant.»
Le SCFP et le Conseil des Canadiens demandent à tout le moins que
les gouvernements provinciaux corrigent leur erreur en excluant
complètement les services deaux potables et usées de leurs offres
dans le cadre de lentente Canada-UE. Les organisations incitent
aussi les provinces à retirer leur appui aux négociations de lAECG
tant que le public et les partis dopposition nauront pas eu
loccasion détudier ces offres et lensemble de lentente entre le
Canada-UE et dy apporter les modifications voulues. Il pourrait y
avoir de nombreux autres secteurs, comme le transport en commun, la
santé ou léducation, qui devraient être protégés mais que les
provinces nont pas exclus de lAECG.
La fuite embarrassera certainement le premier ministre, qui est à
Davos pour promouvoir les pourparlers commerciaux entre le Canada
et lUE cette semaine au Forum économique mondial.
Pour voir les offres qui ont fait lobjet dune fuite :
http://www.rqic.alternatives.ca/RQIC-fr.htm et
http://tradejustice.ca/fr/section/1