Négociations en douce, services publics en danger
11 avril 2011
[themify_slide][/themify_slide]
[themify_slide][/themify_slide]
[themify_slide][/themify_slide]
[themify_slide][/themify_slide]
[/themify_slider]
Canada-Europe: au nom de qui?» animée par le RQIC le 11 avril 2011
au Centre Saint-Pierre à Montréal.
Photos André «Pépé» Périard
Cest ce lundi à Ottawa que débutait la
septième ronde de négociations de lAccord économique et commercial
global (AÉCG), qui rassemble, en douce, les négociateurs du Canada,
du Québec et de lEurope. Le soir même, le
Réseau québécois sur l’intégration continentale (RQIC) a levé
le voile sur les enjeux de cette nouvelle offensive néolibérale
lors de la soirée publique «Accord commercial Canada-Europe: au nom de
qui?»
LAccord économique et commercial global est laccord le plus
ambitieux et préoccupant jamais négocié par le Canada. Ses visées
vont plus loin que lALÉNA, phare de la libéralisation, de la
privatisation et de la déréglementation. Les élites économiques et
politiques cherchent pour la première fois à soumettre aux
investisseurs étrangers des domaines entiers qui relèvent de la
juridiction du Québec et qui représentent les piliers de notre
société.
La menace pèse sur nos services, entre autres, en matière de santé,
déducation, délectricité, dénergies alternatives, de
télécommunications, deau, de culture, et sur les marchés publics
qui y sont associés. LAÉCG restreindrait notre capacité à prendre
des mesures qui protègent lenvironnement et à mettre en uvre des
politiques qui favorisent lemploi et le développement local. De
plus, il effriterait nos politiques publiques en matière déquité
et de répartition de la richesse, ainsi que les droits économiques,
sociaux et culturels de la population québécoise.
Alfonso Moro, du Réseau bi-régional
Europe-Amérique latine, sest adressé en direct de Paris aux
participants à la soirée publique, réunis au Centre Saint-Pierre à
Montréal. Selon lui, un élément-clé qui motive les négociateurs
européens est un renforcement de la puissance des multinationales
européennes vis-à-vis de leurs rivales de la Chine et des
États-Unis. En bout de ligne, lintérêt central de lUnion
européenne dans lAÉCG serait de permettre à ses multinationales de
faire main basse sur les services publics et les ressources
naturelles du Canada.
Claude Vaillancourt, dAttac-Québec, a mis en garde contre une
illusion: de croire que comme le Canada et lUnion européennes
offrent des normes environnementales et un filet social
relativement bons à leurs citoyens, ce serait de bon augure pour
lAÉCG. Tout au contraire: «On
assiste à une contamination par le pire du Canada et le pire de
lUnion européenne. Lobjectif est la plus grande marchandisation
des biens et des services.» Il a donc réclamé larrêt pur et
simple des négociations.
M. Vaillancourt est dailleurs lauteur de largumentaire du RQIC au sujet de lAÉGC, en
plus de louvrage «Mainmise sur
les services: privatisation, déréglementation et autres
stratagèmes»,
publié chez Écosociété.
Alexandre L. Maltais, de lInstitut de recherche en économie
contemporaine (IRÉC), a pour sa part souligné la participation de
représentants des provinces canadiennes au coeur même du processus
de négociation de lAÉCG. La raison: le gouvernement fédéral ne
peut imposer daccord commercial dans les champs de compétence
provinciaux.
Un grave danger souligné par M. Maltais serait lapplication du
principe de non-discrimination envers les compagnies étrangères.
Ainsi, par exemple, dans ses appels doffres, le gouvernement du
Québec ne pourrait plus favoriser des entrepreneurs locaux ou
régionaux au détriment de firmes européennes.
Finalement, Pierre-Guy Sylvestre, économiste et conseiller à la
recherche au SCFP, a expliqué le contenu du rapport sur lAÉCG
préparé par le SCFP et le Conseil des Canadiens, intitulé
«Eau publique à vendre: comment le Canada va privatiser
nos systèmes publics deau».
Louis-Gilles Francoeur, du journal Le Devoir, a dailleurs parlé de
ce rapport le 17 décembre 2010 dans son article «Mettez leau à labri de la
privatisation».
M. Sylvestre a rappelé les effets des expériences de privatisation
des services deau à travers le monde: disparition de
limputabilité, augmentation des tarifs, licenciements importants
demployés et diminution des niveaux de service. En bout de ligne,
cela a mené les Villes de Paris, Grenoble et Hamilton à
municipaliser de nouveau leurs services au cours des dernières
années. «Mais un des risques de
lAÉCG serait quil oblige à recourir à un tribunal de commerce
pour se débarrasser dun contrat de privatisation ou de PPP. Il
pourrait même rendre impossible lannulation dun tel
contrat», a prévenu M. Sylvestre.