Le RQIC rend publics des documents secrets
25 janvier 2012
Le Réseau québécois sur lintégration
continentale (RQIC), en collaboration avec ses partenaires, rend
publics aujourdhui des documents secrets sur les offres du Canada
et du Québec dans le cadre des discussions sur l’accord économique
avec lEurope. Ces textes, qui ont fait lobjet dune fuite,
démontrent clairement que les discussions qui ont lieu derrière des
portes closes naugurent rien de bon pour nos services publics.
«Les documents divulgués aujourdhui confirment nos préoccupations:
lAÉCG est un véritable cheval de Troie», a affirmé Claude
Vaillancourt, porte-parole du RQIC et co-président dAttac-Québec,
se référant au cheval de bois de 5 mètres que les groupes sociaux
ont présenté aux portes du Parlement du Québec le 8 décembre 2011.
Les gouvernements du Canada et du Québec envisagent de livrer
dimportants domaines de compétences provinciale et municipale à la
dynamique du « libre marché » et aux intérêts des grands
investisseurs privés européens. «Cela représente des services publics majeurs
et pave la voie à la privatisation. Nous exigeons la suspension des
négociations et la tenue immédiate dun débat public large»,
a ajouté M. Vaillancourt.
Leau compte parmi les biens publics que les
gouvernements nentendent pas protéger dans ces pourparlers
historiques. «Cest profondément
choquant, quand on pense que le négociateur en chef du Québec,
Pierre-Marc Johnson, a affirmé catégoriquement en commission
parlementaire que la gestion de leau potable était exclue. Les
offres présentent par le biais dune liste dexclusions les
domaines qui ne seront pas soumis à laccord. Leau napparaît
nulle part. Cest inadmissible !», sest indigné Denis
Bolduc, secrétaire général au Québec du Syndicat canadien de la
fonction publique (SCFP-Qc). «LAÉCG va laisser la porte grande ouverte à
lentrée des grandes multinationales comme Veolia sur ce qui
deviendra un marché de leau, soumettant ce bien commun à la
logique du profit aux dépens de la satisfaction de nos besoins
fondamentaux», a ajouté Marie-France Primeau, porte-parole
de la coalition Eau Secours.
Selon une Note dintervention de lInstitut de recherche en
économie contemporaine (IREC), ces nouveaux textes laissent bien
voir pourquoi les propos du négociateur en chef du Québec,
Pierre-Marc Johnson, nont pas réussi à rassurer les membres de la
Commission des institutions lors de sa comparution le 8 décembre
dernier à lAssemblée nationale. Selon les analyses du chercheur
Alexandre Maltais, le Québec sortira perdant de ces négociations
sur plusieurs points. Il est de plus en plus évident que le
gouvernement cèdera à la pression des Européens en ce qui a trait à
louverture des marchés publics, ce qui pourrait faciliter laccès
des compagnies étrangères aux contrats publics dans divers secteurs
de services. La culture semble avoir fait lobjet de tractations,
tandis que pour la gestion de loffre en agriculture, Johnson a été
incapable de fournir la garantie que cette politique nest pas
menacée, et il nest pas rassurant quil sen remette à la bonne
volonté du gouvernement Harper.
Le texte des offres indique que certains monopoles publics auraient
été protégés mais lincertitude plane quant à plusieurs sociétés
dÉtat, comme dans le secteur de lélectricité. Les contrats
publics dHydro-Québec sont un important levier de développement
mais Québec pourrait les sacrifier en fin de parcours afin de
conclure lentente, comme la candidement laissé entendre le
premier ministre Jean Charest dans une entrevue au journal Le
Devoir le 13 décembre dernier. «Il est clair que le gouvernement Charest veut
attirer les investissements étrangers pour mener à bien son Plan
Nord. Toutefois, nous mettons en doute les bienfaits dune entente
avec lEurope qui réduirait le pouvoir de lÉtat du Québec
dencadrer de tels investissements et limiterait sa capacité
dintervenir pour maximiser et orienter les retombées économiques
et sociales des projets liés au Plan Nord ou à tout autre secteur
de développement économique», a affirmé Robert Laplante,
directeur général de lIREC. «Calquant les mesures de protection des
investissements étrangers sur celles du chapitre 11 de lALÉNA,
force est de constater que ce modèle daccord évacue la défense des
intérêts supérieurs du Québec pour la promotion dune idéologie
économique», a ajouté M. Laplante.
Les municipalités québécoises vont être directement touchées par
lAÉCG et elles pourraient perdre leur marge de manuvre pour
mettre de lavant des politiques environnementales novatrices et
des mesures actives demplois et de développement local.
«Nous saluons la résolution
adoptée à lunanimité avant hier par les membres du Conseil
municipal de Montréal, qui permettra de soustraire la plus grande
ville du Québec de toute mesure de lAÉCG qui restreindrait la
capacité des éluEs à gouverner pour le bien-être de leurs
concitoyenNEs», a tenu à souligner M. Bolduc. «Nous
encourageons lensemble des villes du Québec à emboîter le pas sans
tarder afin de préserver leurs pleins pouvoirs dans les domaines
qui relèvent de leur champ de compétence», a-t-il conclu.
La fuite daujourdhui se produit au moment où des rumeurs
circulent quune délégation de négociateurs européens se réunira à
huis clos avec leurs homologues canadiens à Ottawa, du 30 janvier
au 3 février 2012, pour une dixième et probablement ultime ronde
globale de pourparlers. Lempressement de nos gouvernements à
conclure un accord sans débat public est un véritable déni de
démocratie.
La Note dintervention de lIREC est sur leur site internet à
www.irec.net
Le document des offres gouvernementales est disponible sur le site
du RQIC à www.rqic.alternatives.ca