L’équité salariale, une victoire du mouvement syndical
19 octobre 2006
Depuis un certain temps, le Conseil du trésor
distribue, dans nos milieux de travail, un bulletin où le
gouvernement se donne le beau rôle dans le règlement de léquité
salariale. Cette opération sapparente à de la pure récupération
politique dun dossier qui a mobilisé les femmes syndiquées et
leurs alliées du mouvement féministe depuis plus de 30 ans.
Les gouvernements successifs, incluant
lactuel gouvernement libéral, nont pas facilité lavancée de
léquité salariale. Au contraire! Pendant des années, ces
gouvernements ont prétendu que le secteur public était exempt de
discrimination salariale à légard des femmes. Pourtant, le
règlement du 20 juin 2006 démontre linverse: des ajustements
salariaux seront versés à 360,000 personnes soit 95% des salarié-es
qui occupent des emplois féminins!
Pourquoi ce gouvernement, élu en 2003, a-t-il attendu que la Cour
loblige à poursuivre les travaux, sil était si convaincu du
bien-fondé de nos revendications? Des organisations syndicales ont
dû déposer des recours devant les tribunaux pour le forcer à agir.
Pourquoi a-t-il fallu que ce soit si ardu? Pourquoi a-t-il fallu
tant de manifestations et de mobilisation?
Le règlement de ce dossier est le résultat de la détermination de
nos organisations syndicales et de dizaines de milliers de femmes,
et non le cadeau dun gouvernement qui cherche à se faire du
capital politique sur un droit: celui de léquité!
Létalement des versements
Le gouvernement a demandé à la Commission de léquité salariale la
permission détaler les versements sur sept ans plutôt que quatre,
tel que le prévoit la Loi sur léquité salariale. Les organisations
syndicales nont pas exprimé leur accord avec cette
requêtegouvernementale. La Loi, en offrant aux employeurs de
procéder aux rajustements sur une période de quatre ans, leur
permet datténuer de façon importante leffet financier de la
correction de la discrimination. Toutefois, un employeur peut
réclamer un étalement plus long sil démontre son incapacité
financière à reconnaître le droit des femmes.
La Commission ne doit accéder à une telle demande que lorsque la
nécessité de le faire est démontrée et que le droit à léquité
salariale met en péril lexistence même des emplois. Or, à la
lumière des renseignements dont nous disposons sur les finances
publiques, nous ne pouvons raisonnablement pas conclure que le plus
grand employeur de main-doeuvre féminine au Québec, le
gouvernement, est dans une telle situation quil nest pas en
mesure de rendre pleinement justice aux femmes. Toute prolongation
du délai pour les rajustements entraîne un préjudice pour celles et
ceux qui y ont droit. De plus, après limposition dun gel de leur
salaire de deux ans, les salariées du secteur public ne doivent pas
être pénalisées davantage par un retard supplémentaire de
lapplication des rajustements déquité salariale qui sont dus à
plusieurs dentre elles.
Les femmes ont été patientes, 30 ans dattente, cest assez!