Les idées fusent au Forum sur la présence des femmes
15 juin 2006
Les informations et les sujets de discussions
ne manquaient pas aujourd’hui lors du Forum Tous pour elles,
elles pour tous qui se tient à Laval. En tout, 111 militantes
et militants se sont creusés les méninges pour comprendre la faible
représentativité des femmes dans les instances syndicales et se
sont penchés sur les solutions à apporter.
Le forum et la campagne Tous pour elles, elles pour tous
font suite aux résolutions adoptées au dernier congrès national de
Winnipeg. Ces résolutions préconisaient des initiatives en vue
daugmenter limplication des femmes et créaient un comité de
travail pour étudier leur présence au SCFP.
Louverture
Dentrée de jeu, Hélène Simard, présidente du Comité de condition
féminine du SCFP-Québec, et Mario Gervais, président du
SCFP-Québec, ont souhaité la bienvenue à la centaine de militantes
et militants sur place. Pour Hélène Simard, ce forum est une
occasion unique pour comprendre, connaître et réfléchir sur la
situation des femmes au sein des instances du SCFP. Dailleurs, le
Forum nest pas la fin dun processus, mais une amorce, qui sera
suivie par une tournée régionale pour rencontrer le plus de membres
possible et discuter avec eux. Pour sa part, Mario Gervais a
insisté sur le sérieux de la démarche lancée lautomne dernier.
Après avoir assuré les participantes de lappui sans réserve du
Bureau et du Conseil général du SCFP-Québec, il a souhaité que le
processus en cours permette, à terme, «de favoriser
limplication de toutes les forces vives de notre syndicat».
Des bilans pertinents
Par la suite, le président national du SCFP, Paul Moist, a brossé
le portrait de la situation partout au pays en ce qui concerne la
présence des femmes. Si 65% des membres du SCFP sont des femmes,
leur place dans nos structures ne correspond pas à cette réalité.
Au Comité exécutif national, il ny a que trois femmes sur les 23
postes existants, soit un maigre 13% (alors quil y a 11 ans, cette
proportion était de 43%). Une seule division
(Île-du-Prince-Edouard) est présidée par une femme. Dans les grands
syndicats locaux (plus de 1000 membres), seulement 27% sont dirigés
par des femmes. Pour Paul Moist, il est donc «grand temps
davoir une discussion sur les obstacles rencontrés par les femmes
pour participer aux activités syndicales et à leur structure».
Selon lui, deux facteurs semblent se dresser devant les femmes pour
créer une barrière. En premier lieu, la pauvreté, la précarité des
emplois et labsence davantages sociaux créent des difficultés
importantes pour décider de simpliquer dans un syndicat. Ensuite,
les femmes assument toujours la majorité des responsabilités
familiales, quand elles ne sont pas fin seules pour soccuper des
enfants et de la maison. «Quand on lutte pour sa survie
financière et on prend soin de sa famille, quel temps reste-t-il
pour jouer un rôle actif dans sa communauté ou son syndicat»,
sest interrogé le président national.
Gaëtane Lemay, vice-présidente du SEUQAM et auteure dune maîtrise
sur la place des femmes dans le milieu syndical, sest ensuite
adressée à lassemblée. La conférencière a traité notamment du
rapport des femmes au pouvoir et des contraintes vécues par elles
dans leur participation aux structures syndicales. On pouvait
retenir de cette présentation que les responsabilités familiales,
la culture organisationnelle et la perception des femmes sur leurs
propres capacités pouvaient être pointés du doigt comme des
barrières toujours présentes aujourdhui.
Réfléchir et trouver ensemble des solutions
Finalement, les 87 femmes et 24 hommes présents se sont retrouvés
en atelier pour échanger et réfléchir sur des changements à
apporter pour améliorer la représentativité des femmes. Plusieurs
bonnes idées ont été lancées à cette occasion : négocier des
clauses qui facilitent la conciliation travail-famille, rembourser
les frais de garde pendant les activités syndicales, négocier
linstauration dune garderie dans le milieu de travail, tenir les
réunions sur lheure du midi plutôt que le soir, avoir des
rencontres moins longues mais plus fréquentes, revaloriser le rôle
du syndicat, montrer le travail positif effectué par le syndicat,
conserver les programmes sociaux pour éviter que les femmes soient
éternellement les «aidantes naturelles», combattre la précarité des
emplois et obtenir des postes permanents, partager les tâches
syndicales, faire du mentorat auprès des jeunes pour susciter la
relève, démystifier le rôle de militant, apprivoiser un monde
«masculin» où les luttes de pouvoir et les «grandes gueules»
peuvent intimider au départ, que les femmes de se mettent pas
toutes les responsabilités sur les épaules, arrêter de courir pour
éviter dêtre vidées et épuisées. Tout un programme, mais de beaux
défis! Surtout, une approche réaliste et pragmatique de la réalité
des femmes et des étapes à franchir pour améliorer réellement la
situation.
Et ce nest pas terminé : le printemps prochain, le rapport du
groupe de travail sur la présence des femmes sera acheminé aux
divers congrès de divisions (provinces). Par la suite, les
recommandations seront présentées au congrès national de 2007 pour
que les délégations décident des actions à prendre pour améliorer
la représentativité des femmes au SCFP. Cest à suivre