«Un projet humiliant pour la région de Québec»
25 août 2004
La demande de Corus Entertainment, visant
l’acquisition du réseau Radiomédia, signe l’arrêt de mort de la
radio régionale d’information générale. Et sa conséquence directe
sera une «montréalisation» outrancière des ondes, non
seulement de Québec, mais de toutes les régions du Québec. C’est le
sens général du mémoire qu’a soumis au Conseil de la radiodiffusion
et des télécommunications canadiennes (CTRC) le Syndicat des
employés de CHRC, affilié au Syndicat canadien de la fonction
publique (SCFP-FTQ), et qui a été présenté en conférence de presse
ce matin.
Le mémoire est une sévère critique du projet de Corus Entertainment
qui est présentement à l’étude devant le CRTC. Les audiences
publiques, au cours desquelles les employés de CHRC plaideront leur
cause, commenceront le 7 septembre, à Gatineau.
«Priver une population de 600,000 personnes de son information
régionale, comme veut le faire Corus, c’est humiliant, a
déclaré Bruno Perron, porte-parole du personnel de CHRC. Ce
serait un recul inacceptable pour la capitale. Pour nous,
a-t-il ajouté, il est grand temps que le CTRC sonne la fin de la
récréation et exige des radiodiffuseurs des efforts crédibles en
matière d’information.»
La production locale de CHRC serait réduite à
peau de chagrin. Au total, y incluant les nouvelles, Corus ne
prévoit que 20 heures de production, au lieu des 51 heures prévues
au permis actuel. Toujours selon le projet de Corus, trois
journalistes desserviraient deux stations, soit CHRC et CFOM. Dans
son plan, Corus entend remplacer la perte de production locale par
de la programmation montréalaise.
D’autre part, Corus exclut tout débat politique de CKAC, la tête du
réseau Radiomédia, ce qui laisse croire aux employés de CHRC qu’il
en sera de même pour la station de Québec, une situation pour le
moins ironique pour la capitale.
Des appuis multiples et diversifiés
S’il s’inquiète du sort qui lui est réservé, le personnel de CHRC
peut se réjouir du support qu’il a reçu. Localement, les appuis
sont venus de tous les secteurs de la société, aussi bien
politique, syndical que d’affaires.
Parmi ces appuis, soulignons les caucus des députés du Bloc
Québécois de la région de Québec, des députés du Parti Libéral du
Québec de la région de Québec, du gouvernement du Québec, du député
Daniel Turp du Parti Québécois, du député Marc Picard au nom de
l’Action Démocratique du Québec, des villes de Québec et de Lévis,
d’Opération Nez Rouge, des clubs de baseball Les Capitales, et les
Alouettes de Charlesbourg, de la Chambre de commerce de Québec, de
la Chambre de commerce des entrepreneurs de Québec, de nombreux
syndicats dont ceux du Journal de Québec, du Soleil, de TQS à
Québec, de TVA à Québec, du Syndicat du personnel administratif de
Radio-Canada, du Syndicat des communications de Radio-Canada (SRC)
(section ville de Québec) et de la Fédération professionnelle des
journalistes du Québec (section ville de Québec), pour ne
mentionner que ceux-là.
Au 13 août, suite à la campagne Internet Sauvons Radiomédia, plus
de 6300 personnes avaient manifesté par écrit leur opposition au
projet de Corus. D’ailleurs, le CTRC confirmait, il y a quelques
jours, avoir reçu plusieurs milliers d’avis sur le dossier
Radiomédia.
Les 10 employés de CHRC sont regroupés au sein du SCFP 2645. En
plus du personnel de CHRC, le SCFP représente de nombreux artisans
des médias à Québec, notamment au Journal de Québec, à TVA, à TQS,
à Radio-Canada et à Global. Il représente aussi la majorité du
personnel du réseau Radiomédia (CHRC, CKAC et CHLN). Plus
largement, le SCFP compte 7000 membres dans le secteur des
communications au Québec.