La présidente du syndicat gagne sur toute la ligne
4 août 2004
Il en aura fallu de la détermination à Joanne Montagano pour
résister à toutes les mesures dilatoires qu’elle a subies de la
part de son employeur, le Centre Miriam. Avec l’appui du SCFP et de
son conseiller syndical, François Bellemare, elle a finalement eu
gain de cause devant la Commission des relations du travail (CRT),
qui a accueilli sa plainte en concluant qu’elle avait été victime
de représailles en raison de ses activités syndicales.
La commissaire Huguette Vaillancourt a de plus ordonné au Centre
Miriam de cesser d’exercer des mesures de représailles à son
endroit et de rétablir l’assignation qu’elle détenait en tant
qu’éducatrice avant qu’elle ne soit mutée contre son gré.
L’origine du litige
En plus des services d’hébergement et de réadaptation à des
handicapés intellectuels, le Centre Miriam offre des plateaux de
stage nommés «enclaves communautaires». Ces enclaves servent
à l’apprentissage des réalités du marché du travail: les
bénéficiaires se rendent quotidiennement dans une véritable
entreprise, effectuent des travaux simples et sont supervisés par
une ressource du Centre.
Joanne Montagano est présidente de la section
locale 2115 depuis 1983. Dans le cadre de ses activités syndicales,
elle doit s’absenter à l’occasion. En juin 2002, elle pilote la
signature d’une pétition dénonçant le climat de travail.
L’employeur le prend mal. En août 2002, suite au refus de
l’employeur de lui accorder un congé sans solde partiel, elle
dépose un grief. En décembre 2002, elle est suspendue pour deux
jours. Elle dépose un autre grief de même qu’une plainte à la CRT.
Les deux se règlent en négociation : la lettre de l’employeur est
retirée de son dossier, on lui rembourse ses deux journées de
suspension et lui verse un montant forfaitaire équivalent à cinq
jours de travail.
L’employeur récidive
À quelques jours de la fin de ses vacances, le 15 août 2003, elle
apprend qu’elle ne doit pas se présenter à son lieu de travail
habituel, mais au Centre et qu’elle changera de lieu de travail.
L’employeur invoque alors toutes sortes de raisons, toutes aussi
farfelues que contradictoires, pour justifier ce changement: elle
n’est pas assez disponible en raison de ses libérations syndicales;
le propriétaire de l’entreprise n’est pas satisfait de son travail
et lui reproche une erreur qui a failli lui être coûteuse; il
voudrait une éducatrice à temps complet, etc.
Joanne Montagano a gagné son grief au sujet de sa demande de congé
sans solde. Le 23 juillet 2003, un arbitre confirme qu’elle a été
l’objet de discrimination et lui accorde un dédommagement de 1100$
plus les intérêts. Et c’est moins d’un mois plus tard que
l’employeur la change de lieu de travail! Elle dépose alors sa
plainte à la CRT à l’effet qu’elle a été victime de représailles en
raison de ses activités syndicales
La commissaire Huguette Vaillancourt dit dans sa décision au sujet
des témoignages des représentants de l’employeur: «Toutes ces
contradictions laissent croire à une machination pour camoufler le
véritable motif du transfert.» Elle ajoute également que «La
Commission n’est pas convaincue que la sentence arbitrale rendue en
partie en faveur de la plaignante en juillet 2003 est étrangère à
son transfert?»
Un blanchissage pour Johanne Montagano et le SCFP.