Pas de place pour les défusions municipales
9 avril 2003
Lors d’un point de presse tenu ce matin, à Montréal, plusieurs
porte-parole du SCFP ont tenu à faire savoir à tous les citoyens
qu’après les fusions municipales survenues dans plusieurs villes,
on ne peut maintenant envisager sérieusement les défusions. Il n’y
a pas de retour en arrière possible.
«C’est un processus très difficile que nous avons amorcé voilà
près de trois ans, dans le cadre des fusions municipales, avec les
différentes administrations municipales, avec nos 32,000 membres de
ce secteur. Ce sont des centaines de conventions collectives, de
régimes de retraite, de plans d’assurance que nous avons harmonisés
ou que nous sommes en voie d’harmoniser.»
«La tâche est colossale et nous ne permettrons pas que l’exercice
soit mis en péril par une promesse de proposition de loi cadre qui,
à coup sûr, déstabilisera dangereusement le climat des relations de
travail dans le secteur municipal», a déclaré Claude Hétu,
directeur adjoint du SCFP pour le Québec et responsable des
dossiers municipaux.
«Des centaines de transferts de personnel ont déjà été complétés
entre les arrondissements des villes fusionnées, à l’intérieur des
regroupements régionaux. Des centaines d’hommes et de femmes, de
bonne foi, ont fait l’apprentissage de leurs nouvelles fonctions.
De nouvelles structures administratives ont été mises en place et
nos membres ont mis de l’eau dans leur vin afin d’harmoniser leurs
conditions de travail dans le contexte des nouvelles villes.»
«Sous peine de désorganisation des nouvelles villes, de chaos dans
les relations de travail sinon de paralysie, le message des
politiciens à ceux et celles qui ont mis la main à la pâte pour
faire des fusions un succès doit être très clair et sans détour :
il n’y a pas de retour en arrière possible, on va de l’avant et on
construit pour l’avenir», a martelé pour sa part M. Jean
Lachance, président du Conseil provincial du secteur municipal
(CPSM-SCFP) et aussi président du syndicat des cols bleus de la
nouvelle Ville de Québec.
Un double message volontairement ambigu
De nombreux employés municipaux ont été sidérés par l’intervention
du chef libéral, Jean Charest, au débat des chefs avec son nouveau
credo faisant état d’un préjugé favorable aux nouvelles villes.
Cette soi-disant nouvelle position de Jean Charest peut en effet
laisser croire aux électeurs favorables aux fusions qu’un vote pour
le parti Libéral, dans ce contexte, n’est peut-être pas si nuisible
aux fusions alors que dans les faits la porte y reste grande
ouverte au processus de défusion.
Ce double message volontairement ambigu du chef libéral ne peut
également que renforcer la détermination des anti-fusions dans leur
croisade pour le démantèlement des nouvelles villes. Pourquoi
cesser leur combat d’arrière-garde si Jean Charest lui-même ne
renonce pas à mettre en place l’outil juridique qui leur permet
d’aller de l’avant avec la partition des nouvelles entités
municipales ?
On ne peut défendre une chose et son contraire
«On ne peut être à la fois pour la vertu et son contraire. Sous
le prétexte douteux de défendre la démocratie locale, M. Charest a
lui-même ouvert la porte aux défusions en prenant l’engagement de
déposer un projet de loi cadre permettant des référendums sur les
défusions.»
«Nous lui demandons aujourd’hui formellement de donner suite dès
maintenant à son préjugé favorable en s’engageant à ne pas déposer
son projet de loi. Si, en toute conscience, il ne pouvait se rendre
à cette demande, qu’il permette à tout le moins un vote libre sur
la question à l’Assemblée nationale, s’il est élu», a conclu
Claude Hétu.