Dialogue social? Plutôt un dangereux monologue antisocial, dénoncent les organisations syndicales
15 septembre 2014
S’apprêtant à intervenir devant la Commission
sur la révision permanente des programmes, les quatre centrales
syndicales québécoises ont dénoncé d’une même voix la démarche du
gouvernement Couillard, qui ne vise qu’à sabrer les services
publics et les programmes sociaux.
Les porte-parole des centrales se sont adressés aux médias avant de
rencontrer les représentants de la commission. Il s’agit de
François Vaudreuil, président de la CSD, Jacques Létourneau,
président de la CSN, Louise Chabot, présidente de la CSQ, et Daniel
Boyer, président de la FTQ.
«Les libéraux se targuent
d’entreprendre un dialogue social, ont-ils déclaré. En réalité, il
tente d’imposer un dangereux monologue antisocial. Il s’agit d’un
exercice de relations publiques orienté dans le seul but de
convaincre la population qu’il n’est plus possible de maintenir
l’ensemble des services publics et des programmes sociaux, qui a
pourtant fait du Québec une société unique en Amérique du
Nord.»
C’est pour opposer une autre vision au
discours réducteur des libéraux, entre autres en ouvrant un réel
espace d’échanges et de consultations, que les centrales syndicales
ont répondu à l’invitation de la commission.
La colonne des revenus de l’État
aussi!
Mais elles ne sont pas dupes des véritables intentions
gouvernementales. «On voit bien
quel scénario se dessine, avant même que les deux commissions mises
sur pied pour réviser les programmes et pour examiner la fiscalité
aient terminé leurs travaux, ont poursuivi les représentants
syndicaux. Il est navrant d’entendre les mêmes arguments
idéologiques sur l’état des finances publiques, depuis plus de 25
ans, avec toujours les mêmes cures d’austérité comme solutions.
Visiblement, l’approche néolibérale ne fonctionne pas. Il est temps
de considérer la colonne des revenus de l’État, et non plus se
restreindre à celle des dépenses. Il est malheureux que l’État se
prive volontairement de sources de revenus.»
Selon les organisations syndicales, les politiques restrictives ne
peuvent se poursuivre sans compromettre le développement du Québec
et la qualité de vie des Québécoises et des Québécois. Ce faisant,
elles produiraient exactement l’effet contraire à l’objectif que
prétend poursuivre le gouvernement Couillard: un État effrité, une
société fragilisée, des régions éprouvées. «Ce gouvernement fait fi des inégalités
croissantes et des besoins de la population.»
Au contraire des libéraux qui ont délibérément noirci l’état des
finances publiques et de la dette pour atteindre ses objectifs de
coupes, les centrales syndicales estiment qu’un État social fort
peut conduire à des objectifs de prospérité, d’équité, de
redistribution de la richesse collective, de maintien et de
création d’emplois pouvant assurer des revenus décents dans le
respect des communautés et de l’environnement. «Mais le cadre des échanges, qui n’est au
fond qu’un simulacre de consultation où domine le populisme, ne
permet pas d’aborder sur le fond la question de la dette, des
dépenses, des revenus et du rôle de l’État avec une vision non pas
catastrophique, mais progressiste. Les libéraux ont pipé les
dés.»
Les organisations syndicales vont servir cette mise en garde au
gouvernement Couillard s’il continue de s’entêter à aller de
l’avant avec son plan de démolition de l’État québécois:
«Une mobilisation citoyenne
pourrait faire écho à son monologue antisocial. Il pourrait être
surpris de l’attachement des Québécoises et des Québécois au
caractère distinct de notre société, dans laquelle les valeurs de
justice, d’équité et d’égalité des chances demeurent les
assises.»