Le RQIC manifeste devant les bureaux du ministre Lisée
29 janvier 2013
Flanqués dun cheval de Troie haut de cinq
mètres, les membres du Réseau québécois sur lintégration
continentale (RQIC) et des organisations alliées, dont le SCFP, ont
manifesté aujourdhui devant les bureaux du ministre du Commerce
extérieur, Jean-François Lisée, situés au Centre de commerce
mondial de Montréal.
La manifestation ciblait les négociations de l’Accord économique et
commercial global (AÉCG) entre le Canada et l’Union européenne, qui
entrent dans le dernier droit. Dans un secret presque complet, le
gouvernement Harper souhaite conclure l’accord au plus vite en
2013, avec la complicité du gouvernement Marois. Or, cet accord va
accroître le pouvoir des investisseurs étrangers au détriment de
nos institutions démocratiques et de notre capacité souveraine de
gouverner pour lintérêt public.
Des domaines importants de compétences provinciale et municipale
seraient livrés à la logique du «libre marché» et inféodés au
pouvoir des investisseurs privés. «C’est carrément le modèle de développement
du Québec qui est en jeu. Tel que négocié actuellement par le
gouvernement du Québec, laccord menace notre souveraineté
économique, politique, sociale, culturelle, environnementale,
énergétique et alimentaire», a affirmé Pierre-Yves Serinet,
coordonnateur du RQIC.
«Grâce à
lAÉCG, les multinationales européennes auront tous les outils pour
prendre dassaut nos marchés publics et nos ressources naturelles.
Et lorsquelles jugeront que nos politiques publiques portent
atteinte à leurs profits, que ce soit en matière environnementale,
pour favoriser la création demplois ou le développement local,
elles pourront même les contester devant des tribunaux soustraits
de notre droit interne et demander doutrageuses
compensations», précise le porte-parole du RQIC.
LALÉNA permet déjà ce type de recours et les multinationales
utilisent ces dispositions. Mentionnons par exemple la récente
intention de Lone Pine Resources de contester la décision du
gouvernement du Québec dinterdire lexploration des gaz de schiste
et la fracturation hydraulique le long du fleuve Saint-Laurent. La
multinationale entend demander une compensation de 250 millions de
dollars. Cela démontre bien la façon dont les accords commerciaux
comme lAÉCG fragilisent notre souveraineté en limitant le pouvoir
de légiférer. «LUnion européenne
et le Canada doivent cesser de négocier un cadre de protection
excessive des droits des investisseurs et abandonner lidée
dinclure un mécanisme de règlement des différends
investisseur-État dans lAÉCG», soutient François Vaudreuil,
président de la CSD.
En acceptant douvrir les marchés publics de leau, de nos systèmes
de santé et déducation et du transport public, entre autres, le
gouvernement du Québec favorise de façon détournée la privatisation
et se prive de leviers fondamentaux de développement de notre
société. «Même les marchés
publics dHydro-Québec sont dans la mire des Européens et on ne
peut accepter que les négociateurs du Québec puissent céder aux
pressions en fin de négociations pour conclure un accord à tout
prix», a déclaré Lucie Levasseur, présidente du SCFP-Québec.
Une négociation chapitre par chapitre de protections culturelles,
telle que lenvisage le gouvernement québécois, est aussi une
stratégie dangereuse. «Une
exclusion générale tel que le propose la Convention de lUNESCO
demeure la meilleure solution pour maintenir notre souveraineté
culturelle et éviter la marchandisation tous azimuts de la
culture», selon Claude Vaillancourt, président
dAttac-Québec.
Le RQIC sinquiète de lattitude du gouvernement de Pauline Marois:
«Malgré lespoir fondé par
larrivée du Parti québécois au pouvoir, ce dernier poursuit sur
toute la ligne les initiatives amorcées par lancien gouvernement
de Jean Charest et flirte avec les conservateurs de Stephen Harper
en se fiant à eux pour protéger nos façons de faire. À quoi
pourrait servir la souveraineté politique du Québec si toutes les
autres formes de souveraineté seffritent», sinterroge M.
Serinet.
Profitant de laction daujourdhui, le RQIC lance une première
capsule vidéo qui met en vedette Paul Ahmarani et mise sur
labsurde pour tenter dattirer lattention du public sur lAÉCG.
«Il est grand temps dengager un
débat public, large et informé. Les enjeux sont tels que la
population québécoise doit avoir voix au chapitre», a conclu
Jacques Létourneau, président de la CSN.