Pourquoi Péladeau s’attaque à ses fleurons
22 avril 2002
« Conflit inévitable à Vidéotron, Vote de grève au Journal de
Montréal, Décision sauvage de TVA », tels sont quelques-uns des
titres à avoir ponctué lactualité ces dernières semaines. Ce qui
étonne plus dun observateur, cest que Pierre Karl Péladeau
sattaque résolument à des entreprises très rentables pour lempire
Quebecor, y détruisant au passage les relations du travail. Pour
comprendre cette apparente contradiction, il faut examiner la
situation financière dans laquelle se retrouve Quebecor.
Pierre Karl pédale dans la choucroute
Quebecor se compose de deux grandes entités : Quebecor World (
essentiellement des imprimeries réparties dans 16 pays en Amérique
du Nord, Asie, Europe, 43 000 employés au total ) et Quebecor Média
( TVA, Vidéotron, Netgraphe, Canoë, les magasins Archambault, les
huit quotidiens de Sun Media dont le Journal de Montréal,
divers journaux régionaux et autres publications, etc. ). Au 31
décembre dernier, Quebecor cumulait une dette de 8,1 milliards de
dollars. On ne parle pas de millions mais bien de
milliards
Doù vient cette dette? Principalement des activités de Quebecor
World en Europe. Une partie vient aussi du fait que Quebecor a payé
le gros prix pour acheter Vidéotron, suite à la surenchère qui la
opposée à Rogers. On se rappellera que celle-ci avait eu lieu avec
la complicité de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDP),
pour éviter que les « méchants Anglais » ne semparent de ce joyau
québécois des communications. Mal en prit à la Caisse dailleurs.
Son placement de 2,9 milliards dans Quebecor Média ne valait plus
que 1,8 milliard le 31 décembre dernier. Cette fumeuse transaction
a retranché 1 % au rendement global de la CDP.
La dette de plus de 8 milliards rend les fins de mois difficiles
pour notre « ami » Pierre Karl. Aussi doit-il littéralement
siphonner ses entreprises pour rencontrer les exigences de cette
dette colossale. Où trouver largent? Poser la question, cest déjà
y répondre. Pour le plus grand malheur des employés, ce sont les
entreprises rentables de Quebecor qui forment la ligne de front. En
effet, où trouver largent? Sûrement pas dans les canards boiteux
La conjoncture actuelle reste pour le moins ironique. Après sêtre
aventurée sur de la glace trop mince, la direction de Quebecor
entend faire écoper les employés de ses entreprises les plus
florissantes. Et pour ceux qui pensent que ces négociations ne les
concernent pas, il y a fort à parier que du côté de Cogeco, Ti-Oui
(Louis Audet, pdg de lautre compagnie de câble) observe le
déroulement de ces négociations avec beaucoup dintérêt