Une large coalition réclame un changement de cap
26 octobre 2012
Les changements apportés par les conservateurs
au régime d’assurance-emploi affaibliront les régions du Québec et
appauvriront davantage les travailleuses et les travailleurs les
plus précaires. Une coalition réunissant des organismes de défense
des droits des chômeuses et des chômeurs et des organisations
syndicales se mobilise depuis plusieurs mois contre cette réforme
et prépare une importante manifestation qui se tiendra, ce samedi
27 octobre, à Thetford Mines, dans la circonscription du ministre
de l’Industrie et lieutenant politique du Premier ministre pour le
Québec, Christian Paradis.
«Les conservateurs procèdent, par
idéologie, à une réforme qui non seulement ne répond pas aux
besoins des chômeuses et des chômeurs, mais en plus nuira fortement
aux économies régionales», explique la coordonnatrice du
Mouvement autonome et solidaire des sans-emploi (MASSE),
Marie-Hélène Arruda. Les changements apportés par les conservateurs
auront pour conséquence de limiter l’accès à l’assurance-emploi
pour plusieurs. Par exemple, ils forceront des travailleuses et des
travailleurs à accepter un travail à des conditions bien
inférieures à celles qu’ils avaient avant la perte de leur emploi.
«Cet automne, le gouvernement
doit définir, par règlement, ce qu’est un emploi convenable,
c’est-à-dire un poste qu’une personne sans-emploi ne peut pas
refuser sous peine de perdre ses prestations. Nous serons
extrêmement vigilants sur ce point, car les enjeux sont
majeurs.»
Les organisations rappellent que le gouvernement fédéral est
d’autant plus mal avisé de procéder à de tels changements qu’il ne
verse pas un sou au programme financé exclusivement par les
travailleuses, les travailleurs et leurs employeurs. De plus, cette
décision unilatérale d’Ottawa aura des répercussions pour le
Québec, ne serait-ce que parce que davantage de chômeuses et de
chômeurs devront avoir recours à l’aide sociale.
Une réforme qui génère pauvreté et exclusion
Pour le secrétaire général de la Fédération des travailleurs et
travailleuses du Québec (FTQ), Daniel Boyer, les conservateurs
ratent complètement la cible s’ils croient vraiment que leurs
changements diminueront le nombre de chômeuses et de chômeurs.
«Pour diminuer le chômage, il
faut adopter des politiques qui vont dans le sens d’un renforcement
des économies régionales, d’une bonification du pouvoir d’achat des
salarié-es et de la redistribution des richesses. La réforme fait
tout le contraire : elle créera plus de pauvreté et d’exclusion.
L’esprit du programme d’assurance-emploi, c’est d’amoindrir pour
les salarié-es les impacts négatifs des cycles économiques, des
situations sur lesquelles ils n’ont aucune emprise. Les
conservateurs bafouent ce principe».
Du côté de la Confédération des syndicats
nationaux (CSN), on recueille depuis plusieurs mois des lettres
d’appui pour faire reculer les conservateurs. «Dans toutes les régions, les municipalités,
les MRC et les organismes de développement économique signent
actuellement des déclarations demandant au gouvernement
conservateur de revenir sur ces mesures unilatérales et de
consulter les provinces sur de tels changements, explique le
vice-président de la CSN, Jean Lacharité. La réforme conservatrice
touche de plein fouet les économies régionales en tirant les
salaires vers le bas de façon générale et elle encourage l’exode de
la main-d’œuvre».
Perte d’expertise
La crainte de perdre des employé-es expérimentés forcés de trouver
de l’emploi dans d’autres domaines ou dans d’autres régions est
bien réelle pour plusieurs entreprises, par exemple dans les
secteurs du tourisme ou de la foresterie.
Même dans certains services gouvernementaux de nature plus
saisonnière on craint que ces changements accentuent des problèmes
de main-d’œuvre. «Il y a, dans
certains ministères, au Québec, des gens qui se retrouvent au
chômage chaque année, à une période donnée parce qu’il n’y a pas de
travail. C’est le cas par exemple à la SEPAQ, rappelle le
vice-président du Syndicat de la fonction publique et parapublique
du Québec (SFPQ), André Godbout. Il y a un risque réel d’une perte
d’expertise, parce que si ces personnes qualifiées ne peuvent plus
compter sur l’assurance-emploi, plusieurs n’auront d’autre choix
que de quitter leur région pour trouver un travail plus
stable.»
Le même genre de phénomène a de fortes chances de se produire aussi
dans des secteurs où l’entrée des jeunes sur le marché du travail
commence souvent par quelques années de précarité. «En éducation, par exemple, de jeunes
diplômé-es n’ayant pas encore d’emploi stable pourraient être
forcés d’accepter des emplois se trouvant dans des domaines
totalement étrangers à leur formation, enchaîne le
secrétaire-trésorier de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ),
Daniel.B. Lafrenière. Cette
main-d’œuvre qualifiée risque donc avec le temps de déserter
complètement la profession pour laquelle elle a été formée.»
Une étape dans la
mobilisation
«La manifestation du 27 octobre
ne sera pas l’aboutissement de notre mobilisation : elle en marque
une étape importante, mais nous entendons prendre tous les moyens
nécessaires pour obtenir un changement de cap de la part du
gouvernement, assure le vice-président de la Centrale des
syndicats démocratiques (CSD), Claude Faucher. C’est un vaste mouvement social qui est en
marche partout au Canada. Il est inacceptable que ce gouvernement
s’entête dans cette réforme, à l’encontre de l’avis des experts,
des syndicats, des organismes économiques et même de plusieurs
provinces comme le Québec et celles des Maritimes qui réclament une
véritable consultation à ce sujet.»
À propos du MASSE
Le Mouvement autonome et solidaire des sans-emploi (MASSE) regroupe
différentes associations de personnes sans-emploi, partout au
Québec. Ensemble, la FTQ, la CSN, la CSQ, la CSD et le SFPQ
représentent plus de 1,2 million de travailleuses et de
travailleurs, principalement au Québec.