La Ville de Québec et les cols bleus croisent le fer à la CRT
20 avril 2012
Ce fut une longue journée daudience à la
Commission des relations du travail (CRT) vendredi. Les travaux ont
été menés rondement. En effet, la commissaire Anne Parent a entendu
pas moins de huit témoins pour la partie syndicale et trois du côté
de la Ville de Québec.
Le matin, sept des cols bleus mis à pied le 17 avril sont venus
témoigner. Ils ont tour à tour raconté comment ils ont vécu ce
mardi très spécial, quelques heures avant la tenue du vote de
grève. L’un d’entre eux a décrit en ces termes son expérience.
«La veille, on me dit que jaurai
une formation et le lendemain, je suis dehors. C’est sauvage! Je
n’ai jamais vécu une mise à pied comme ça. Je ne sais pas si mon
employeur va me réembaucher. J’ai une famille, je dois savoir où je
m’en vais.»
Un autre a expliqué avoir reçu la confirmation de son affectation à
lentretien des égouts jusquau 18 mai. Vingt minutes après, une
autre lettre lui apprenait quil était remercié…
Les cols bleus qui ont témoigné travaillaient tous depuis plusieurs
années: sept, huit, parfois même 10 ans, souvent sans interruption.
En plaidoirie, l’avocat du SCFP a lancé: «Jai rarement vu une preuve aussi éclatante
dun lock-out illégal.»
Laudience sest terminée tard en après-midi
vendredi. On sattend à ce que la commissaire rende sa décision
dici quelques jours. Elle devra déterminer, entre autres, sil
sagit dun lock-out illégal.
Rappel des faits
Les cols bleus sont au nombre d’environ 1350 et n’ont pas exercé de
droit de grève depuis plus de 25 ans. Ils sont sans contrat de
travail depuis le 31 décembre 2010. Les négociations entre les cols
bleus et la Ville de Québec durent depuis plus d’un an. Treize
séances de négociation ont eu lieu entre les parties depuis février
2011, dont quatre en présence d’une médiatrice nommée par la
ministre du Travail. Les pourparlers entre les parties se sont
rompus abruptement le jeudi 12 avril quand les cols bleus ont
découvert une note interne du directeur général de la Ville
préfigurant des compressions à grande échelle. Tout en
reconnaissant l’existence de ce document, le maire Labeaume en a
minimisé l’importance disant qu’il ne s’agissait que du travail
«d’un fonctionnaire», rien
de plus qu’un «document de
travail». Quoi qu’il en soit, le 17 avril, la Ville a tout
de même procédé à la mise à pied de 162 employés auxiliaires. En
soirée, cette même journée, plus de 950 employés cols bleus ont
participé au vote secret et accordé à leur direction syndicale le
mandat de déclencher la grève au moment jugé opportun.
Le syndicat n’a établi aucun calendrier pour l’exercice de ce
mandat de grève. Rappelons que dans les municipalités, le droit de
grève est encadré par la Loi sur les services essentiels.