Le défi de la pérennité de nos services publics
20 mars 2010
Aujourdhui, des milliers demployés de
lÉtat, membres du Front commun intersyndical SISP-CSN-FTQ,
marchent pour exprimer leur inquiétude par rapport aux intentions
du gouvernement quant à lavenir des services publics. Ils veulent
des solutions aux problèmes quotidiens quils vivent et qui ont des
impacts directs sur les services offerts à la population.
Toutes les Québécoises et tous les Québécois
doivent se sentir interpelés. Quil sagisse de la santé, de
léducation, de lentretien des infrastructures, de la sécurité des
routes et des aliments, de la protection de lenvironnement, nos
services publics sont des choix collectifs. Ils assurent un filet
de sécurité sociale essentiel et constituent le meilleur outil de
redistribution de la richesse. Pour les préserver, la recherche de
solutions négociées est absolument incontournable.
Retenir lexpertise et assurer la
relève
Nos services publics sont menacés par la difficulté dy attirer et
dy retenir une main-duvre compétente. Or, la pénurie de
personnel se fait déjà sentir dans toutes les catégories demplois
depuis plusieurs années. Elle va saggraver, à cause des départs
massifs à la retraite, de mauvaises conditions de travail et dune
rémunération non concurrentielle. Travailler pour lÉtat québécois
est de moins en moins attrayant. Y demeurer relève même de
lexploit!
Les travailleuses et travailleurs des services publics constatent
chaque jour les conséquences du manque de personnel. Si aucune
catastrophe grave ne sest produite, cest grâce à leur dévouement
qui a su maintenir le niveau de services malgré le manque criant de
ressources. Cette situation ne peut pas durer éternellement.
Profitant de la dégradation des conditions de travail dans les
réseaux publics, le secteur privé prend de plus en plus de place en
offrant des services à prix forts.
Les boucs émissaires
En 2005, en pleine période de croissance économique, le
gouvernement Charest a décrété nos conditions de travail jusquau
31 mars 2010. À quelques jours de cette échéance, le bilan est
lourd : le pouvoir dachat des salariés a chuté de plus de 3 % et
ils ont de plus en plus de peine à offrir les services de qualité
auxquels la population a droit.
Les salariés refusent dêtre les boucs émissaires du retour à
léquilibre budgétaire, dautant plus quils seraient mis à
contribution à la fois en tant que salariés et en tant que
contribuables. Nest-ce pas le gouvernement Charest lui-même qui a
détérioré la situation, notamment en se privant de cinq milliards
en revenus récurrents depuis cinq ans? Il prend maintenant cette
situation pour prétexte afin de justifier sa proposition de hausses
de 5% sur cinq ans, bien en deçà des prévisions dinflation et loin
de ce qui est prévu dans le secteur privé.
Les travaux aux tables de
négociation piétinent
Non seulement le gouvernement propose-t-il des augmentations
salariales insuffisantes, mais les travaux aux tables de
négociation piétinent toujours. Les représentants patronaux
réclament des reculs majeurs dans les conventions collectives. Ils
ne proposent aucune réponse concrète pour régler les problèmes
vécus tous les jours dans les milieux de travail et nont pas
douverture à discuter des enjeux à la base de notre négociation.
Léchéance du 31 mars avance pourtant à grands pas.
Ces négociations sont cruciales pour lavenir des services publics.
Le Front commun a pris tous les moyens pour se faire entendre, sans
recourir jusquici à des moyens lourds. Nous avons voulu laisser
toutes les chances à la négociation pour trouver des solutions aux
problèmes, notamment de pénurie. Mettant leurs intérêts
particuliers de côté, les organisations syndicales ont formé un
Front commun historique regroupant plus de 475,000 salariés de
lÉtat. Persuadés que le bon sens allait triompher, nous avons
déposé nos propositions plus de six mois avant léchéance des
conventions collectives. Hélas, jusquà maintenant les réponses du
gouvernement ne témoignent daucun respect pour ses salariés. Nous
sommes déçus de la tournure des événements. La manifestation
daujourdhui vise à rappeler notre détermination: nous voulons un
règlement juste pour les travailleuses et travailleurs des services
publics.
Pour le Front commun
Dominique Verreault
Secrétariat intersyndical des services publics (SISP)
Claudette Carbonneau
Confédération des syndicats nationaux (CSN)
Michel Arsenault
Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ)