Le SCFP dénonce les contrats donnés au privé dans les villes
12 mars 2010
Suite à la diffusion de lémission Enquête
hier soir, le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), qui
représente plus de 70% des employés municipaux, se réjouit quon
ait informé la population des dangers de la privatisation et des
PPP dans les villes grâce à lexemple de laréna de Saint-Jérôme.
Pour ce syndicat, les contribuables en ont toujours plus pour leur
argent avec le travail des employés municipaux, qui rendent des
services de qualité sans avoir à dégager des marges de profit.
La construction dinfrastructures, notamment
des arénas, via des partenariats public-privé (PPP) est un piège
dénoncé depuis des années par le SCFP, que les révélations de
Radio-Canada viennent confirmer avec le cas précis de Saint-Jérôme.
«Sous-traitance, privatisation ou
PPP, ce sont des portes ouvertes au patronage, à la collusion ou
aux cadeaux aux amis du régime», rappelle Lucie Levasseur,
présidente du SCFP-Québec. «Les
scandales abondent, les soupçons se confirment, les rapports des
vérificateurs généraux sont éloquents.»
Les PPP : un bilan
dévastateur
Certaines municipalités du Québec ont eu recours aux PPP pour la
construction darénas ou de centres sportifs et le constat est
affligeant, selon le SCFP. «En
général, le recours au privé pour les services publics nest jamais
une bonne idée dun point de vue économique. Que ce soit pour la
gestion de leau ou pour celle des ordures, le contribuable sera
toujours mieux servi avec le public», explique Pierre-Guy
Sylvestre, économiste au SCFP. Selon lui, les exemples en ce sens
abondent depuis quelques années.
Contournement de la volonté
populaire
Récemment, la Ville de Beloeil a voulu construire un centre sportif
en PPP. Lune des raisons avancées par la directrice générale de la
Ville pour justifier le projet était déviter louverture du
registre municipal qui aurait permis aux citoyens de sy opposer.
Les citoyens ont néanmoins pu sexprimer et la municipalité a fait
marche arrière mais, pour le SCFP, cest un bon exemple que les PPP
sont une entrave à la bonne gouvernance.
Des travaux bâclés
À Sherbrooke, le groupe Axor a conçu un centre multisports inauguré
en 2007, et qui présentait des défauts de conception. Par exemple,
comme les drains installés sur le toit ne suffisaient pas à la
tâche, on a eu recours aux employés municipaux pour les débloquer.
Axor sera propriétaire du centre pour 40 ans, difficile dévaluer
dans quel état il sera à la fin de la période. «En ce qui concerne le partage de risque,
cest de la poudre aux yeux. La Ville répare toujours les pots
cassés et doit ensuite entreprendre de longues poursuites
juridiques contre le consortium privé», se désole Lucie
Levasseur.
Une mine dor pour les
avocats
Au lieu daccroître la concurrence, les PPP limitent le nombre
dentreprises à cause des exigences de financement et de la durée
des ententes. Résultat : seuls les plus grands joueurs deviennent
des partenaires privés, selon les observations du SCFP.
«De plus, les contrats entre les
différentes parties sont rarement complets. Il est difficile de
tout prévoir et la rigidité des clauses ne permet aucune
flexibilité. Une modification mineure dans la plomberie dun aréna
en PPP pourrait coûter plus cher en honoraires davocats quen main
duvre, et ce, au détriment des contribuables», souligne
Pierre-Guy Sylvestre. Enfin, le SCFP rappelle que financement privé
a toujours été plus coûteux que le financement public, et que la
récente crise financière na fait quagrandir cet écart.
Les citoyens paient plus
cher
Pour le plus important syndicat du secteur municipal au Québec, la
privatisation des services publics se fait inévitablement au
détriment des contribuables québécois. Le scandale des compteurs
deau à Montréal est éloquent à cet égard, de même que le plaidoyer
de culpabilité dun entrepreneur de Québec dans lattribution de
contrat de remplacement de feux de circulation. Dautre part, le
vérificateur général de Montréal a souligné que la Ville sétait
départie dune expertise interne précieuse et quelle nétait plus
en mesure de faire contrepoids à lentreprise privée. Une tendance
dangereuse pour la protection des intérêts de lensemble de la
population.
«La démonstration est limpide, le
privé coûte plus cher et augmente sensiblement les risques de
magouillage et de collusion. Dun point de vue économique, les
avantages du recours à la sous-traitance sont loin dêtre
établis», soutient léconomiste du SCFP. «Il est grand temps de reprendre le contrôle
de nos villes et de nos fonds publics. Les municipalités doivent
assumer, en toute transparence, leur mission et leurs
responsabilités», de conclure la présidente du
SCFP-Québec.