Le Front commun de Montréal et Laval demande au gouvernement de tenir compte de ses revendications justifiées et légitimes
15 décembre 2009
Les employés des secteurs public et parapublic de régions de
Montréal et Laval, réunis en Front commun, ont souligné le triste
anniversaire de l’adoption de la loi spéciale, le 15 décembre 2005,
qui a imposé sous le bâillon leurs conditions salariales et leurs
conditions de travail. Ils ont déposé quelques milliers de cartes
de souhaits devant le bureau du premier ministre Jean Charest pour
exiger que le gouvernement tienne compte de leurs revendications
justifiées et légitimes et lui rappeler qu’ils souhaitent une vraie
négociation cette fois-ci.
«Le fossé
est large entre nos demandes et les propositions qui sont à la base
de la présente ronde de négociation. Nous souhaitons un nouveau
contrat de travail négocié qui nous permettra de mettre fin à
l’érosion de notre pouvoir d’achat, d’assurer l’attraction et la
rétention de la main-d’oeuvre et qui ouvrira ainsi la porte à des
améliorations véritables de nos services publics»,
expliquent les représentantes et les représentants syndicaux du
Front commun SISP-CSN-FTQ des régions de Montréal et Laval.
Un gel des salaires déguisé
Les représentantes et les représentants régionaux du Front commun
considèrent que la proposition du gouvernement, rendue publique le
30 novembre 2009, est loin d’être à la hauteur des attentes fondées
des membres qu’ils représentent.
«Elle prévoit seulement 7% sur cinq ans pour couvrir l’ensemble des
coûts de main-d’oeuvre, dont les salaires ne constituent qu’une
composante. Entre autres, c’est à même ce 7% que le gouvernement
financerait certains correctifs dans différents secteurs, en plus
du maintien de l’équité salariale et de l’amélioration du régime de
retraite. Il s’agit d’une proposition nébuleuse qui ne garantit
aucunement des augmentations de salaire et qui s’apparente à un gel
des salaires pur et simple pour les travailleuses et les
travailleurs», déclare Chantal Tancrède, représentante
régionale du Secrétariat intersyndical des services publics (SISP).
Un écart salarial qui s’accentue
Le Front commun est surpris que le gouvernement du Québec n’ait pas
tenu compte de l’étude de l’Institut de la statistique du Québec
dévoilée le 26 novembre dernier et qui concluait que les salaires
versés dans la fonction publique et dans les réseaux de la santé et
de l’éducation sont inférieurs de 8,7% à ceux versés dans les
autres secteurs de l’économie, pour des emplois comparables.
«Cet écart ne cesse de
s’accentuer année après année sans que rien ne change. Le
gouvernement doit agir maintenant pour attirer la main-d’oeuvre
qualifiée et retenir celle qui est expérimentée. Nous croyons que
cela passe par une rémunération adéquate des employés. La
proposition gouvernementale n’offre aucune solution aux problèmes
de pénurie, voire même les aggrave, en laissant les conditions de
travail se détériorer dans les services publics», ajoute
Gaetan Châteauneuf, représentant régional de la Confédération des
syndicats nationaux (CSN).
Une force économique pour la
région
Dans les régions de Montréal et Laval, les travailleuses et les
travailleurs de l’État québécois contribuent grandement à la
vitalité économique. Ce sont plus de 160,000 employés qui offrent
des services gouvernementaux, de santé et d’éducation à la
population. Ils vivent dans la région et y font rouler l’économie :
la plus grande part de leurs revenus sont directement réinjectés
dans l’économie régionale par leur consommation.
Un triste anniversaire
C’est avec une volonté accrue que le Front commun SISP-CSN-FTQ
entame la prochaine ronde de négociation. Malheureusement,
rappelons que cette négociation se fait avec le même gouvernement
qui imposait, par une loi spéciale le 15 décembre 2005, les
conditions salariales et les conditions de travail de près d’un
demi-million d’employés de l’État.
«Dans quelques mois, ce décret
viendra à échéance et nous voulons obtenir une nouvelle convention
collective négociée pour le 31 mars 2010. C’est pour éviter une
réédition du scénario de 2005 que nous avons formé ce Front commun
unique. Il porte déjà fruit puisque, bien que la réponse
gouvernementale ne soit pas à la hauteur de nos attentes, il
demeure que le gouvernement confirme sa volonté de négocier avec
nous et d’en arriver à une entente dans les meilleurs
délais», ajoute Michel Ducharme, représentant régional de la
Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ).
Le Front commun revendique des hausses de salaire de 2% par année
afin de protéger le pouvoir d’achat des salariées et des salariés.
De plus, les syndicats veulent entreprendre un rattrapage salarial
afin de rendre les salaires versés dans le secteur public plus
concurrentiels. À cet égard, le Front commun demande un rattrapage
salarial annuel de 49 cents l’heure, en moyenne, ce qui équivaut à
1,75% du salaire moyen.
Le Front commun regroupe 475,000 personnes salariées des services
publics, dont plus de 160,000 dans les régions de Québec et
Montréal. Il s’agit des fonctionnaires et des professionnels du
gouvernement, des travailleuses et travailleurs syndiqués des
réseaux de la santé, de l’éducation et de certains organismes
gouvernementaux. Le Front commun est formé du SISP (CSQ, FIQ, SFPQ,
APTS et SPGQ), de la CSN (FSSS, FEESP, FNEEQ, FP) et de la FTQ
(SCFP, SQEES, SEPB, UES).