Pour l’équipe du président Obama, pas question de franchir un piquet de grève
25 juin 2009
Cet article de Paul Martineau est paru dans
le numéro de juillet-août de lAutJournal.
Nous le reproduisons avec
laimable autorisation de la direction de ce journal québécois
indépendant ouvrier et populaire.
Quels ministres à Québec ou Ottawa accepteraient de boycotter un
sommet de la plus haute importance qui se tiendrait à Montréal, par
exemple, pour éviter davoir à traverser une ligne de piquetage
symbolique érigée par des syndiqués en conflit avec le maire
Tremblay?
Aux États-Unis, la question est maintenant réglée. Les plus hauts
dirigeants de ladministration Obama nont pas à prendre position
sur tous les conflits de travail, mais ils ont ordre de ne
traverser aucune ligne de piquetage, par respect pour les
travailleurs et le mouvement syndical.
Le vice-président Joseph R. Biden et plusieurs
autres hauts gradés de ladministration ont en effet causé un
véritable scandale dans le monde municipal en juin, lorsquils ont
annulé leur présence à la Conférence annuelle des maires, parce que
le syndicat des pompiers locaux allait ériger une ligne de
piquetage devant lévénement.
«Même si cette administration ne
prend pas position sur les circonstances du conflit en tant que
tel, nous avons toujours respecté les lignes de piquetage, et les
responsables de ladministration ne traverseront pas
celle-ci», a expliqué lattaché de presse de Barack Obama,
Robert Gibbs, dans une déclaration publique.
Lannulation de la présence de léquipe Obama à la Conférence des
maires a été reçue comme un immense affront par les organisateurs
et plus particulièrement par le maire David Ciccilline, qui avait
travaillé darrache-pied pour que le sommet se tienne dans sa
ville, Providence, au Rhode Island.
Il sagit en effet dune rencontre denvergure et cest la première
fois que les représentants de la Maison Blanche ny seront pas.
Lévénement rassemble environs 1200 personne venus de partout aux
États-Unis, dont 180 maires de petites et grandes villes, venus
échanger avec des experts gouvernementaux, des politiciens et des
dirigeants dentreprises.
«Nous sommes absolument frustrés que la Maison Blanche ait décidé
de boycotter notre rencontre à la demande dun syndicat», a
déclaré un des organisateurs du Sommet, alors que le maire accusait
les syndiqués de prendre lévénement en otage.
Cest lAssociation internationale des pompiers, qui regroupe les
syndicats locaux à travers les États-Unis, qui a convaincu
ladministration Obama de ne pas se présenter à lévénement pour
respecter la ligne de piquetage.
Le président du syndicat des pompiers de Providence, Paul Doughty,
avait annoncé il y a plus dun an que ses membres utiliseraient
lévénement pour publiciser leur conflit avec la ville. Les
pompiers sont sans contrat de travail depuis plusieurs années et le
maire a juré publiquement de leur tenir tête pour éviter une
augmentation des coûts du service.
«Nous saisissons cette
opportunité parce que cest une chance davoir lattention de tout
le pays pour dire « Hey, ce gars-là ne nous donne pas une chance
équitable »», a déclaré à M. Doughty à lAssociated Press.
Outre le vice-président Biden, les autres responsables à avoir
annulé leur présence à la conférence incluent une conseillère
présidentielle, la directrice de lAgence de protection de
lenvironnement, le Secrétaire au logement, le Secrétaire au
Commerce, le Secrétaire du Travail et lAttorney General,
équivalent de notre ministre de la justice.
La Maison Blanche a fait savoir que si le maire de Providence se
retirait de lévénement pour éviter lapparition dune ligne de
piquetage, les responsables gouvernementaux pourraient changer
didée. Le maire a rapidement écarté cette possibilité.