Le ministre Couillard taille un marché de toutes pièces pour le privé
14 février 2008
À quelques jours du dépôt du rapport
Castonguay dontles grandes orientations commencent à transpirer
dans les médias et après une rencontre dinformation entre des
représentants de la Fédération des travailleurs et travailleuses du
Québec (FTQ) et des proches collaborateurs du ministre Philippe
Couillard sur le projet de règlement pour la loi 33 que compte
appliquer ce dernier, le président de la FTQ, Michel Arsenault, est
plus que jamais convaincu quun marché lucratif se met en place
pour le privé en santé.
Privilégier les médecins non
participants
«Soi-disant pour mieux encadrer
les opérations de cliniques privées avec médecins non participants
au régime de la RAMQ, le projet de règlement leur réserve une
cinquantaine de chirurgies lucratives avec hébergement que ne
pourront effectuer des médecins participants au régime dans leur
clinique.
«Alors que
le gouvernement devait répondre par sa législation à larrêt
Chaoulli de la Cour suprême sur les listes dattente et laccès aux
soins, ces chirurgies réservées aux médecins non participants nont
fait lobjet daucune étude quant au temps dattente pour y
accéder», a fait valoir le président de la FTQ.
Rappelons que larrêt Chaoulli, rendu par la Cour suprême en juin
2005, permettait le recours à lassurance privée pour des actes ou
chirurgies actuellement couverts par le système public, justifiant
sa décision par des délais dattente déraisonnables qui mettaient
en péril le principe daccessibilité aux soins.
Le ministre veut limiter le privé
en lui donnant plus de chirurgies
À loccasion de la rencontre entre les représentants de la FTQ et
léquipe de collaborateurs de M. Couillard, ces derniers ont évoqué
des grilles de paiement non compétitives de la RAMQ pour ces
cinquante chirurgies. Donc les médecins participants à la RAMQ en
clinique ny trouveraient pas leur compte.
Pour leur part, les cliniques de médecins non participants seraient
tenues dassurer lhébergement. Ce facteur et la prise en charge en
amont et en aval des soins pour ces chirurgies, selon les
collaborateurs du ministre Couillard, limiterait à sa plus simple
expression lapparition de telles cliniques privées-privées.
Les gros joueurs du privé en santé
sont à la porte
«Ironiquement, au lendemain de
notre rencontre, un promoteur annonçait un projet dhôpital privé
de plus de 30 étages dans le sud-ouest de Montréal. Même si le
ministère affirmait quun tel hôpital ne passerait pas le test de
la loi, comme il lavait dit pour la clinique Rockland MD au début,
il serait surprenant quun promoteur sérieux nait pas obtenu
certaines assurances avant daller sur la place publique», a
soutenu M. Arsenault.
Au public les chirurgies lourdes
et coûteuses
«Autre fait significatif, alors
que le ministre, sur fond de mise en scène de la première
intervention pratiquée à Rockland MD, qualifiait le moment
dhistorique, ses propres collaborateurs reconnaissaient que
Rockland MD ne pourrait se qualifier dans le cadre du projet de
règlement proposé avec sa cinquantaine de chirurgies réservées aux
médecins non participants.
«Ça ne prend pas la tête à Papineau pour comprendre quon est en
train de créer une niche lucrative pour les cliniques
privées-privées ou même des hôpitaux privés en laissant les
chirurgies lourdes et coûteuses aux institutions publiques»,
a ajouté Michel Arsenault.
Rien à voir avec larrêt
Chaoulli
«Il est quand même curieux que
pour un phénomène que le gouvernement qualifiait de marginal, les
cliniques privées avec médecins non participants, on fasse tant
defforts pour leur réserver des chirurgies fort lucratives qui
nont rien à voir avec une réponse adéquate aux problèmes soulevés
par larrêt de la Cour suprême», a conclu le président de la
FTQ.