La Ville de Montréal essaie-t-elle d’en couler une en douce?
13 décembre 2007
Le
Devoir nous apprend ce matin que le plus gros contrat jamais
octroyé par la Ville de Montréal est entaché dun conflit
dintérêt. La firme BRP, qui conseillait Montréal dans le processus
de sélection du gagnant, entretient dimportantes relations
daffaires avec Dessau-Soprin, lun des deux partenaires du
consortium choisi, Génieau. Une situation pour le moins
préoccupante qui provoque lindignation du syndicat des cols bleus
de Montréal. « Comment peut-on
espérer obtenir le meilleur prix aux meilleures conditions dans un
tel contexte? Et que doivent penser les opposants à la
privatisation de leau lorsquon voit qui est impliqué dans ce
dossier et ce que contient ce contrat? Des amis qui accordent des
contrats à leurs copains! On est loin de lintérêt public!
», lance Michel Parent, président du syndicat.
Les loups
rodent
La Ville a en effet choisi de confier le dossier de leau à un
bureau de projets indépendant des opérations quotidiennes de la
municipalité. Ces gens travaillent étroitement avec le secteur
privé. Lentretien des compteurs deau a été confié au privé et non
aux employés de la Ville. Dans le deuxième volet du contrat,
Génieau doit installer des vannes de régulation deau qui
contrôleront les débits dans les conduites souterraines. Génieau
sera propriétaire de cet équipement de pointe quelle exploitera en
exclusivité pendant 25 ans. Cest une firme comptable associée
étroitement aux contrats de privatisation et de partenariats
public-privé qui sest chargée de lanalyse financière, sans
consultation avec le service des finances. Le service du
contentieux de la Ville na même pas été consulté pour la rédaction
du contrat.
« Quand on sait que nos
dirigeants municipaux caressent le projet de séparer les activités
de gestion de leau des autres services de la Ville pour les
confier à une société para municipale, on peut sincèrement se
demander si ladministration Tremblay-Zampino nest pas en train de
faire en douce ce quune immense majorité de citoyens ne veut pas
quelle fasse : privatiser la gestion de leau à Montréal. Si en
plus cette privatisation en douce commence avec un conflit
dintérêt patent, cela augure pour la suite
», ajoute
Michel Parent.
Les citoyens déjà méfiants
Un sondage récent de la firme Léger Marketing réalisé pour le
compte de lInstitut pour les partenariats public-privé révélait
que 65 pour cent des québécois étaient complètement opposés à la
privatisation de leau au Québec. « Personne ne veut vivre ici ce que les
citoyens de Hamilton en Ontario ont vécu avant de devoir payer le
gros prix pour reprendre le contrôle de leur service deau. Ils ne
veulent pas non plus subir ce que de nombreuses villes du monde
subissent : des services de gestion de leau privés qui se soucient
dabord de leurs actionnaires et de leurs dividendes avant de
songer au bien-être des citoyens. Leau est un bien collectif,
public. Elle ne peut et ne doit pas faire lobjet dun commerce qui
profite à un petit groupe de financiers », de conclure Marc
Ranger, conseiller du SCFP.