LETTRE OUVERTE: LA PANDÉMIE NE NOUS A-T-ELLE RIEN APPRIS?
19 septembre 2022
Dans le cadre de la campagne électorale actuelle, les partis politiques traditionnels nous proposent des baisses d’impôts et de taxes. Pourtant, une partie importante des revenus du gouvernement servent à financer notre système de santé et de services sociaux, qui a besoin d’un réinvestissement massif. Est-ce vraiment ce dont les citoyens et citoyennes du Québec ont besoin? Bien sûr que non!
Le déficit concernant les infrastructures du Québec a doublé de 2015 à 2022, passant de 15,1 à 30,6 milliards de dollars. À ce rythme, à quel moment des accidents graves se produiront-ils? Comment est-ce possible que du fil de fer ait été installé tout autour des murs de brique de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont afin que la maçonnerie ne s’effondre pas? À l’Hôtel-Dieu de Québec, un mur adjacent à l’ancienne écurie menaçant de s’écrouler a forcé l’évacuation du personnel travaillant dans cette partie de l’édifice. Selon le gouvernement, il manquerait 1,4 milliard de dollars pour combler le déficit d’infrastructure dans le réseau de la santé, alors que plusieurs experts s’entendent pour affirmer que celui-ci est en fait supérieur à 5 milliards de dollars. Dites-moi, avez-vous vraiment besoin de vous faire promettre des baisses d’impôts par des politiciens d’abord intéressés par leur propre réélection?
Mais qu’en est-il du personnel du secteur de la santé et des services sociaux qui, il n’y a pas si longtemps, était qualifié d’essentiel par le premier ministre?
Selon les plus récentes données fournies par le tableau de bord sur la performance du réseau de la santé et des services sociaux, 82 677 personnes sont actuellement absentes du réseau, toutes raisons confondues. Aussi, d’après Statistique Canada, il y aurait plus de 20 000 postes vacants dans le secteur de la santé au Québec, soit l’un de ceux où la pénurie de main-d’œuvre frappe le plus fort. Depuis cinq ans, on assiste à des départs par milliers de travailleurs et travailleuses qui n’en peuvent plus. On constate que 21 000 personnes sont en attente de services psychiatriques, tandis que la durée moyenne du temps d’attente à l’urgence est de 17 h 51 minutes. Cela est inacceptable.
Si Christian Dubé souhaite, comme il le dit, que le réseau de la santé devienne l’employeur de choix au Québec, cela passera assurément par des investissements massifs dans les infrastructures et par une amélioration des conditions de travail des employées du réseau public.
Souhaitons que les électeurs et électrices du Québec se rappellent que le 100 $ de réduction de taxes et d’impôts ne contribuera malheureusement pas à améliorer notre système de santé qui en a grandement besoin. N’oublions pas que les soins eux-mêmes sont en péril, et ce, à très court terme.
Maxime Ste-Marie
Président du Conseil provincial des affaires sociales du SCFP
Pierre-Guy Sylvestre
Économiste du SCFP