Rémunération dans le secteur municipal : un succès en matière de rétention de la main-d’œuvre
8 octobre 2020
Le 5 octobre dernier, deux articles parus dans des journaux de QMI, lesquels ont été repris dans tous les médias de Québecor, rapportaient le dévoilement par le Centre sur la productivité et la prospérité (CPP) d’une étude sur la rémunération dans le secteur municipal.
Le secteur municipal est un leader de la rémunération globale avec les secteurs des entreprises privées syndiquées, le fédéral et des entreprises publiques. L’idée est que l’ensemble des travailleurs puisse bénéficier de hausses salariales supérieures à l’inflation afin d’augmenter la richesse collective.
« Le SCFP représente plus de 70 % des employés municipaux du Québec et il travaille d’arrache-pied pour obtenir les meilleures conditions de travail pour ses membres. Les sections locales le font en négociant légitimement des conventions collectives avec les parties patronales, dont les mandats proviennent des élus municipaux. Dans plus de 95 % des cas, un règlement est obtenu et voté par le conseil municipal, sans qu’aucun moyen de pression n’ait été exercé. Ils savent qu’ainsi on sécurise la main-d’oeuvre », d’expliquer Benoit Bouchard, président du SCFP-Québec.
Comparer des pommes avec des pommes
La rémunération globale du secteur municipal est certainement enviable par rapport à d’autres secteurs, notamment le « privé non syndiqué » et l’administration publique québécoise, mais une chose est certaine, à la lumière des statistiques de l’Enquête sur la rémunération globale au Québec (ERG) de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), ce secteur n’offre pas la meilleure rémunération pour tous les titres d’emploi.
Les articles tentent de démontrer que les travailleurs du secteur municipal font « plus de 100 000 $ » dans les grandes villes du Québec et que malgré le fait que ceux-ci soient les « mieux payés » du Québec, ils négocient des « hausses salariales supérieures à l’inflation ».
« Comment le CPP arrive-t-il à une rémunération moyenne de 104 533 $ par travailleur? C’est trop simpliste! Il additionne l’ensemble des dépenses de rémunération, des cadres, des policiers, des pompiers, des professionnels, des cols blancs et des cols bleus, puis il divise par le nombre d’effectifs totaux, sans distinguer les heures supplémentaires. Le coût des charges sociales par personne, sans distinction et évalué par l’employeur, est ensuite ajouté. Le total est ce qu’il appelle la rémunération globale moyenne du secteur municipal », de critiquer Pierre-Guy Sylvestre, économiste au SCFP.
Notez que les cadres sont inclus dans ces calculs et font évidemment monter la moyenne. On laisse croire à la population que les employés gagnent énormément d’argent, alors que la réalité est fort différente.
« Il faut aussi préciser que le CPP n’a pas utilisé les données des conventions collectives pour estimer les hausses moyennes des augmentations salariales, mais plutôt le concept de rémunération globale présenté plus haut. À Saint-Eustache, par exemple, les résultats sont erronés puisqu’aucun travailleur n’a reçu 8,7 % d’augmentation en moyenne de 2014 à 2019 », d’ajouter l’économiste.
Dans le milieu municipal, les salaires compétitifs contribuent à maintenir une certaine stabilité dans ce secteur d’activité névralgique.
« Nous ne nous excuserons pas d’avoir négocié des salaires décents dans le secteur municipal. Ces femmes et ces hommes offrent des services de qualité et comme en témoignent plusieurs maires de la province, cette main-d’œuvre est polyvalente et assure des services qui améliorent au quotidien la qualité de vie des contribuables. Devoir dépendre du secteur privé coûterait assurément davantage », de conclure le président du SCFP.