Nouvel échec des négociations, les négociateurs syndicaux proposent de régler le conflit par l’arbitrage
27 janvier 2008
Québec, le dimanche 27 janvier 2008 – Cest à nouveau
limpasse au Journal de Québec. Les pourparlers intensifs des deux
dernières semaines nont pas permis le dénouement de ce conflit.
Rappelons que depuis le 15 janvier, parties patronale et syndicales
avaient repris les échanges dans le cadre dune démarche
exploratoire avec laide de deux conciliateurs du ministère du
Travail. Aux comités de négociation de chaque partie, sétaient
ajoutés la vice-présidente aux ressources humaines de Quebecor,
Julie Tremblay, ainsi que le directeur-adjoint du Syndicat canadien
de la fonction publique (SCFP-FTQ), Michel Bibeault.
Impasse dans
les négociations
Les représentants syndicaux nont pas voulu élaborer sur le détail
des discussions tenues entre les parties depuis le 15 janvier. Ils
ont rappelé que les conciliateurs au dossier ont établi comme cadre
préalable aux discussions que «les parties et chaque participant
sengage[aient] à ce que les propos, propositions ou hypothèses
soumis par lune ou lautre [des parties ne soient pas] non plus
invoqués en aucun temps ultérieurement dans quelque forum ou
plateforme que ce soit».
Tout en se disant déçu de la tournure des événements, le
porte-parole des 252 syndiqués en conflit, Denis Bolduc, a résumé
la situation en disant que «des
échanges qui se sont terminés hier, aucune solution au conflit na
pu être trouvée, Quebecor veut toujours le beurre et largent du
beurre».
Larbitrage pour régler le
conflit
Denis Bolduc a ensuite indiqué que les dirigeants syndicaux vont
proposer à leurs membres de soumettre lactuel litige à
larbitrage. «Quand des personnes
civilisées narrivent pas à sentendre, elles demandent à un tiers
de trancher, a-t-il déclaré. Cest la piste de solution que les trois
comités de négociation vont soumettre à leurs membres.»
En vertu du Code du
travail, pour quun arbitre puisse trancher un tel conflit,
les parties syndicale et patronale doivent en faire la
recommandation au ministre du Travail. On se rappellera que le 12
décembre, le ministre David Whissell avait déclaré que «dès que les deux parties m’en feront la
demande, sur-le-champ je nommerai un arbitre pour régler la
convention collective» au Journal de Québec. Reste à voir
maintenant si, de son côté, Quebecor fera cette demande.
Michel Bibeault a quant à lui expliqué les difficultés rencontrées
en ces termes: «Depuis le début
du conflit, Quebecor ne nous a jamais parlé de son plan daffaires
pour justifier ses demandes. Quebecor voudrait quon les croie sur
parole. Le problème, cest quils se trompent régulièrement. Ce
nest pas vrai que ces gens-là sont en possession tranquille de la
vérité.» Michel Bibeault a poursuivi en rappelant que les
employés avaient fait confiance à leur employeur quand est venu le
temps daffronter la nouvelle concurrence du Soleil. «Dans lannée qui a suivi, Quebecor a préparé
son lock-out et mis ses travailleurs à la rue. Ce nétait pas loin
de la trahison.»
Rappel du conflit
Le conflit de travail au Journal
de Québec dure maintenant depuis plus de neuf mois. En
effet, les employés de bureau et de la rédaction du Journal de Québec sont sous le coup
dun lock-out décrété par lemployeur le 22 avril. Avant le
déclenchement du lock-out, aucun des trois syndicats navait
demandé de mandat de grève à ses membres ni même exercé de moyens
de pression. En solidarité avec leurs collègues jetés sur le
trottoir par la décision de Quebecor/Sun Media, les employés de
limprimerie ont voté la grève à 97%.
Depuis la fondation du Journal de
Québec en 1967, aucun conflit de travail navait eu lieu. Il
y a un peu plus dun an et demi, tous les employés syndiqués du
Journal avaient accepté de
reconduire la convention collective pour un an en partenariat avec
lemployeur qui faisait face à un concurrent, Le Soleil, qui passait au format
tabloïd pour mieux le concurrencer.
Depuis le 24 avril, les employés en conflit publient et distribuent
cinq jours semaine le MédiaMatinQuébec, un quotidien
gratuit, pour rappeler leur cause à la population de Québec.
Quebecor/Corporation Sun Media a entrepris plusieurs recours
judiciaires pour empêcher la publication du MédiaMatinQuébec. Toutes ces démarches
ont échoué.
Malgré le conflit, le Journal de
Québec continue dêtre publié. Dans une décision rendue le
23 août 2007, en application de larticle 109 du Code du travail (dispositions
anti-scabs), la Commission des relations du travail (CRT) du Québec
a ordonné à la direction du Journal de Québec de cesser de recourir
aux services de quatre personnes qui remplissaient les fonctions de
salariés en conflit.
De nouvelles plaintes concernant lutilisation de travailleurs
illégaux par Quebecor ont été déposées par les syndicats en octobre
et novembre. Au total, ces plaintes visent 17 personnes.
Les audiences de la CRT sur ces plaintes ont commencé le 14
janvier. Elles vont se poursuivre le lundi 28 janvier. Le 5
février, le Journal de
Québec et le journaliste de Canoë Hubert Lapointe font face
à des accusations criminelles pour avoir, lété dernier, divulgué
le nom dune victime dagression sexuelle malgré une ordonnance de
non-publication. Hubert Lapointe est lune des 17 personnes visées
par les plaintes sur lemploi de scabs.