L’avenir de CKAC dans les mains de Corus
21 avril 2005
Montréal, le 21 avril 2005– Les
artisans de CKAC se disent attristés et déçus de la décision rendue
aujourd’hui par le cabinet fédéral. Le cabinet a en effet rejeté la
requête du syndicat pour renvoyer tout le dossier au CRTC.
Même s’ils sont secoués par cette décision, les journalistes de la
station radiophonique ne regrettent rien. Ils estiment avoir tout
tenté jusqu’au bout pour sauver leur salle de nouvelles. «Même
si le gouvernement Martin s’est montré insensible à l’avenir de
CKAC, nous demeurons convaincus de l’importance de la bataille que
nous avons menée au cours des derniers mois. Cette lutte, nous
l’avons livrée pour la diversité des sources d’information à la
radio privée francophone au Québec mais aussi au nom de
l’institution qu’a été CKAC et au nom de tous ses fidèles auditeurs
au cours des 83 dernières années. Le fédéral pouvait intervenir en
notre faveur, il a préféré demeurer les bras croisés, c’est
dommage», estime Jules Bordeleau, président du syndicat des
employés, affilié au SCFP.
Le syndicat rappelle qu’en l’espace de 15 ans,
les auditeurs montréalais auront vu disparaître, tour à tour, trois
salles de nouvelles dûment constituées, à savoir les salles de
CKVL, de CJMS et maintenant celle de CKAC.
«Nous assistons à un nivellement par le bas du service
radiophonique offert aux auditeurs québécois. Malheureusement, le
nécessaire équilibre entre l’intérêt public et les intérêts
commerciaux a été rompu en faveur de ces derniers», souligne
Jules Bordeleau. «C’est un jour noir pour la qualité de notre
démocratie. Les auditeurs n’auront pratiquement plus de choix pour
leurs nouvelles à la radio».
Un processus d’examen douteux
D’autre part, le syndicat des employés de CKAC s’interroge
sérieusement sur l’objectivité, l’équilibre et la transparence du
processus d’examen du dossier par le gouvernement. Les syndiqués se
demandent comment le président de Corus-Canada pouvait déjà être au
courant de la décision du gouvernement la semaine dernière alors
que le ministère niait que sa décision avait été prise.
«Les informations nous parvenant d’Ottawa étaient d’autant plus
inquiétantes que diverses sources, auxquelles nous avions jusque là
refusé de donner foi, persistaient et affirmaient que depuis déjà
plusieurs semaines, un ministre influent du gouvernement
conseillait Corus et effectuait un lobbying intense en sa faveur.
Si ces informations devaient s’avérer fondées, le copinage en haut
lieu aura eu raison des questions d’intérêt public», précise
Robert Fortin, vice-président du syndicat des employés.
Le syndicat continue par ailleurs à trouver suspect le retrait
forcé du dossier de la ministre du patrimoine, Liza Frulla, sous
prétexte qu’elle a travaillé à CKAC il y a 15 ans. «À ce compte,
devra-t-elle se retirer des dossiers portant sur Radio-Canada, elle
qui y travaillait il y a quelque temps?», se demande Jules
Bordeleau.
Une disparition décriée par tous
L’onde de choc créée par le projet de fermeture de la salle des
nouvelles de CKAC et la vaste mobilisation de la société civile qui
a suivi témoignent de la préoccupation marquée des citoyens face à
ce nouveau paysage radiophonique.
Pour le SCFP, Astral Média et Corus Entertainment doivent tenir
comptent de ce consensus social et ne doivent pas chercher à se
défiler de leurs responsabilités corporatives, responsabilités
d’ailleurs qualifiées d’incontournables par la ministre de la
Culture et des Communications du Québec, Line Beauchamp.
«Ces deux entreprises ont toujours le devoir de répondre
favorablement à la motion unanime de l’Assemblée nationale du
Québec qui leur demande «de bonifier leur offre de service en
production de nouvelles pour la région de Montréal afin d’assurer
et de maintenir la diversité des sources d’information dans la
région».Cependant, le débat demeure entier et les questions
soulevées méritent toujours une réponse satisfaisante», de
conclure Jules Bordeleau.
Comptant 7000 membres dans les communications au Québec, le SCFP
est présent dans plusieurs autres secteurs, notamment la santé et
les services sociaux, l’éducation, les transports urbain et aérien,
les sociétés d’État et organismes publics québécois,
l’hydroélectricité et les municipalités. Avec près de 100 000
membres, le SCFP est le plus important syndicat affilié à la
FTQ.