Le SCFP dénonce les politiques gouvernementales favorisant les partenariats public-privé
19 mai 2004
Sherbrooke, le mercredi 19 mai 2004 – Réunis en congrès à
Sherbrooke, c’est à l’unanimité que quelque 200 délégués du
Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-FTQ) ont dénoncé
les politiques gouvernementales, tant québécoises que fédérales,
qui mènent au développement de partenariats public-privé (PPP).
Pour le SCFP, non seulement les PPP réduisent les conditions de
travail mais ils signifient également, pour l’ensemble des
citoyens, une perte de contrôle sur leurs institutions publiques.
Pour Claude Hétu, directeur adjoint du SCFP et
responsable du secteur municipal, «le débat autour des PPP va
bien au-delà des conditions de travail. Quand un gouvernement signe
un contrat avec une firme privée pour une durée de 35 ans, il ne
reste plus beaucoup de pouvoir au citoyen qui, lui, vote aux quatre
ans.»
En adoptant la résolution qui dénonce le recours aux PPP, les
délégués présents ont aussi demandé à leur syndicat de mener une
campagne pour informer la population des effets néfastes de
l’implantation des PPP dans les services publics.
Avant d’adopter cette prise de position, deux spécialistes du
service de recherche du SCFP, Raymond Léger de Fredericton et Linda
Craig de Montréal, ont présenté une conférence sur les PPP.
À l’aide de plusieurs exemples d’échecs et de catastrophes à
travers le monde, les deux chercheurs ont démontré l’impact
dévastateur de la libéralisation des marchés publics sur
l’accessibilité et la qualité des services publics. Les bénéfices
qu’on attribue aux PPP sont davantage théoriques, mais les coûts,
souvent faramineux, eux, sont bien réels, estime Raymond Léger qui
étudie le phénomène des PPP depuis plusieurs années. Il précise:
«Nous ne pouvons nous permettre de courir le risque de voir la
propriété de nos services publics aux mains d’étrangers ou
d’entreprises mal gérées. Les services publics sont trop importants
pour le bien-être de la population. On ne peut donc consciemment
les laisser s’embourber dans une logique strictement marchande et
recherchant les profits plus que tout.»
Pour sa part, Linda Craig a mis en lumière l’illogisme lié au
transfert, en propriétés privées, des richesses publiques bâties
par la collectivité. Elle considère qu’on ne nous montre pas la
vraie face des PPP. «C’est une mauvaise décision politique, il y
a des coûts cachés, des ententes secrètes», précise-t-elle.
Elle est d’avis que les PPP entraînent une perte de contrôle des
infrastructures et des services publics, faisant de ces ententes
une alternative peu enviable. «On touche ici à de véritables
enjeux sociaux et économiques, c’est beaucoup plus large que des
enjeux syndicaux traditionnels», de dire Linda Craig.
Jean Lachance, président du CPSM, déplore les démarches, favorables
aux partenariats public-privé, entreprises par le gouvernement
libéral, le tout ayant été amorcé par les modifications à l’article
45 du Code du travail. «Mais, le secteur municipal du SCFP a
déjà mené des batailles dans le passé contre des sociétés
d’économie mixte, déclare-t-il, nous le ferons à nouveau
s’il le faut.»
Le CPSM regroupe plus de 200 syndicats et quelque 25,000 membres,
ce qui représente environ 70% de l’ensemble des employés du secteur
municipal québécois et qui en fait le plus important regroupement
du genre. Le SCFP est aussi présent dans 10 autres secteurs
d’activité au Québec, entre autres, la santé et les services
sociaux, l’éducation, les transports urbain et aérien,
l’hydroélectricité, les sociétés d’État et organismes publics
québécois et les communications. Comptant au total près de 100,000
membres au Québec, il est le plus important syndicat affilié de la
FTQ