Conflit de travail à Vidéotron – Le syndicat dénonce les provocations de Quebecor
14 mai 2002
Montréal, le mardi 14 mai 2002 Une semaine après le début
du conflit de travail à Vidéotron, le Syndicat canadien de la
fonction publique estime nécessaire de faire le point. Beaucoup de
choses se sont dites et ont été écrites depuis une semaine. Les
représentants syndicaux des employés de Vidéotron tiennent à
remettre les pendules à lheure sur un certain nombre de « faits »
avancés par les représentants de Quebecor et de Vidéotron.
De la provocation et de la
désinformation
Était-il nécessaire, pour Pierre Karl Péladeau, de venir narguer
les employés en se promenant sur le toit du 405 Ogilvy comme il la
fait vendredi dernier? Était-il nécessaire dinsulter les syndiqués
comme la fait Luc Lavoie dans les dernières semaines, en les
traitant de « dinosaures » et en tenant des propos
méprisants sur le « niveau intellectuel » des employés ? On
sinterroge quand, à au moins quatre reprises depuis la semaine
dernière, des véhicules de briseurs de grève et, encore plus grave,
de cadres, à commencer par Luc Lavoie lui-même, ont frappé des
piqueteurs.
Ces gestes ne font que provoquer les employés et attisent les
tensions déjà passablement élevées. Rappelons que, dans ce conflit,
plusieurs employés risquent de perdre leur emploi ou de voir leur
salaire gravement amputé. Le syndicat déplore les propos
incendiaires et les gestes irresponsables de Luc Lavoie qui ne
visent pas à calmer le jeu, bien au contraire. À première vue,
lancien conseiller de Brian Mulroney croit quil est toujours dans
larène politique et ne semble pas très bien saisir lunivers des
relations du travail.
La partie patronale se plaît également à inventer des histoires de
toutes pièces et à désinformer le public. Depuis jeudi dernier, Luc
Lavoie répète sans cesse « quune femme enceinte a été aspergée
de purin ». Il est important de rétablir les faits. Jeudi
matin, un groupe de cadres attendaient, à la sortie du métro Parc,
avant dentrer dans les bureaux de la compagnie, rue Ogilvy. Voyant
quil y avait parmi eux une femme enceinte, les agents de police et
les membres du service dordre du syndicat lont accompagnée afin
quelle franchisse la ligne de piquetage en toute sécurité. Voilà
ce qui sest réellement passé. Le syndicat trouve inacceptable que
le porte-parole de Quebecor, Luc Lavoie, utilise limage dune
femme enceinte à des fins de basse propagande.
À Québec, Denis Plante, conseiller syndical au SCFP, a reçu quatre
fois des menaces de mort visant quatre personnes, dont lui-même.
Trois messages, laissés sur sa boîte vocale, ont été enregistrés et
remis à la police. Le syndicat entend bien laisser les policiers
faire leur enquête.
En ce qui concerne les coupures de câbles, il est clair que les
syndiqués nont absolument aucun intérêt à poser de tels gestes.
Ces coupures jettent le discrédit sur le syndicat et ternissent
limage des employés de Vidéotron. Lemployeur affirme que ces
gestes ont été posés par des individus qui savaient très bien où se
trouve le câblage. Sur ce point, le syndicat est tout à fait
daccord avec les représentants de Vidéotron : il sagit bel et
bien dactes commis par des gens qui connaissent très bien le
réseau.
Lutilisation de briseurs de grève
Depuis le début de ce conflit de travail, lemployeur a recours à
des briseurs de grève pour remplacer les employés syndiqués. Une
telle pratique est inacceptable et ne fait quajouter à la
provocation selon Gilles Dubé, président de la section locale 1417,
« On le sait, quand il y a des scabs, il y a des risques de
violence. Ça crée une situation explosive! Il y a des gens qui ont
la mémoire courte. Ce sont de véritables drames qui ont poussé le
gouvernement du Québec à voter la loi anti-scabs pour pacifier les
conflits de travail. Quand on fait appel à des scabs, on joue avec
le feu. »
Depuis les années 1970, les briseurs de grève ne sont plus tolérés
dans les conflits de travail au Québec. « La société québécoise
a évoluée, mais pas Pierre Karl Péladeau! Il veut réaliser une
révolution culturelle à Vidéotron, mais cest lui qui est dépassé.
Il est en retard de 25 ans quand il utilise des scab », affirme
Gilles Dubé. Rappelons que ce nest pas la première fois que Pierre
Karl Péladeau utilise des briseurs de grève, il a même commencé sa
carrière de cette façon. Dans un conflit au Journal de Montréal, il
avait contourné la législation québécoise en faisant imprimer son
journal à Cornwall, en Ontario. Son père avait mis fin au conflit
en le retirant du dossier
Les enjeux au cur du conflit
Depuis une semaine, les représentants de Quebecor mettent beaucoup
dénergie et deffort à discréditer les interlocuteurs syndicaux et
tentent de faire oublier les vrais enjeux de ce conflit.
Rappelons-le, la menace de vente de 650 techniciens de Vidéotron à
Entourage plane toujours et pourrait être officialisée dun jour à
lautre. « Entourage a été créée par le Fonds de solidarité de
la FTQ pour générer des emplois pour des gens que Bell venait de
mettre au chômage, pas pour réduire les conditions de travail des
autres travailleurs du secteur! » rappelle Denis Plante,
conseiller syndical au SCFP. Pour ce dernier, cette vente est tout
simplement une entente entre deux entreprises pour contourner les
lois du travail et larguer des centaines demployés et leurs
conditions de travail.
Quant à la moitié des syndiqués qui conserveraient leurs emplois
après une telle vente, lemployeur fait de la désinformation quand
il affirme demander seulement quatre jours de travail de plus par
année aux employés de Vidéotron. En fait, les demandes de
Vidéotron sur la semaine de travail et les jours fériés
représentent plus dun mois de travail supplémentaire sans
salaire! « On ne coupe pas 30% de la masse salariale
simplement en allongeant lannée de travail de seulement quatre
jours, Luc Lavoie prend la population pour des illettrés quand il
prétend couper 30% avec seulement quatre jours de travail de plus
», rappelle Denis Plante.
Les négociations sont toujours au point mort. En fait, il ny en a
jamais eu. Le syndicat na reçu que des ultimatums et Luc Lavoie en
rajoute en affirmant que lemployeur ne reculera pas « dun
millième de pouce ». En tenant de tels propos, il ne donne pas
le signal que lentreprise est prête à négocier de bonne foi, mais
seulement quelle est prête à tout pour arriver à ses fins.
« Après une semaine darrêt de travail, les syndicats sont plus
déterminés que jamais à se battre pour obtenir une entente
négociée, respectueuse de tous les employés de Vidéotron, des
techniciens aux conseillères au service à la clientèle. Nous sommes
prêts à mettre le temps quil faudra pour y parvenir », affirme
Denis Plante.
Comptant 7 000 membres dans les communications au Québec, le SCFP
est présent dans plusieurs autres secteurs, notamment la santé et
les service sociaux, léducation, les transports urbain et aérien,
les sociétés dÉtat et organismes publics québécois,
lhydroélectricité et les municipalités. Avec près de 100 000
membres, le SCFP est le plus important affilié de la FTQ.