Pont Champlain en PPP: le SCFP sonne l’alarme
30 mai 2013
Montréal, le
jeudi 30 mai 2013 Coût total doublé, péage au coût
exagéré, perte dexpertise et de contrôle publics, risque de
dérapage… Le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP)
sonne lalarme sur les risques potentiels de la formule PPP imposée
par le gouvernement Harper pour le nouveau pont Champlain. Le plus
grand syndicat au Canada lance à cet effet une campagne
publicitaire à la radio et dans les journaux de la région de
Montréal.
«Le gouvernement Harper démontre
une fois de plus à quel point il est déconnecté du Québec. Il fait
fi de la série de PPP douteux des dernières années: pensons aux
haltes routières, au CHUM et au CUSM, entre autres. Le choix du
mode PPP pour le pont Champlain sest fait sur la base du rapport
dun consortium composé de firmes de génie-conseil, dont Cima +,
Dessau et BPR. Les dés étaient pipés et on peut craindre le
pire», a lancé Denis Bolduc, secrétaire général du
SCFP-Québec.
Du 27 mai au 16 juin, le SCFP diffusera une
série de publicités imprimées dans La Presse, Le Devoir et Le
Courrier du Sud. Durant la même période, une publicité radio au
98,5 FM scandera sur un ton grinçant que le PPP «va nous permettre de perdre le contrôle de
notre pont et notre expertise publique en gestion de pont. […] Ça
va tout être arrangé avec le privé…»
La publicité radio est disponible à ladresse http://bit.ly/15jkdCn
La publicité imprimée est disponible à ladresse http://bit.ly/15arfd0
Le SCFP représente environ une cinquantaine demployés, surtout des
ingénieurs et des techniciens, à la société Les Ponts
Jacques-Cartier et Champlain inc. Ces employés aident à la gestion,
lexploitation et lentretien du pont Champlain et dautres
infrastructures fédérales. Leur expertise publique sert notamment à
contrôler les coûts des travaux confiés au privé. Un pont Champlain
en PPP les évacuerait complètement du tableau.
«Aucun des arguments économiques
en faveur des PPP ne tient la route. Le financement par le
gouvernement fédéral se ferait à bien meilleur taux que par
nimporte quel consortium privé, et sur une période de lordre de
30 ans, ça fait une différence importante. Quant au prétendu
partage de risque, tant lexpérience québécoise que les recherches
de Pamela Stapleton et John Loxley le démontrent: quand les choses
tournent mal, tout retombe sur le partenaire public. Les PPP se
comparent donc à des monopoles permettant de soutirer une rente
garantie par les contribuables», selon Pierre-Guy Sylvestre,
économiste et conseiller syndical au SCFP.
Le SCFP déplore enfin quau lieu dassumer sa responsabilité de
payer un nouveau pont, le gouvernement Harper sen déleste sur un
consortium privé qui refilera la facture gonflée aux usagers
québécois. «Le pont Champlain est
particulièrement coûteux à construire parce quil doit enjamber la
voie maritime du Saint-Laurent, qui est une autre infrastructure
fédérale à vocation pancanadienne. Logiquement, la facture doit
revenir au gouvernement fédéral lui-même», souligne Denis
Bolduc.
Comptant plus de 111,000 membres au Québec, le SCFP représente
quelque 3800 membres dans le secteur mixte au Québec (débardeurs,
employés de compagnies dassurances et de syndicats, de groupes
sociaux et communautaires, de transport de valeurs, etc.). Le SCFP
est de plus présent dans les secteurs suivants: les affaires
sociales, léducation, le municipal, lénergie, les sociétés dÉtat
et organismes publics, les transports aérien et urbain, ainsi que
les universités.