Des analyses biaisées ont favorisé les PPP
18 novembre 2009
Montréal, le
mercredi 18 novembre 2009 Le rapport du vérificateur
général du Québec rendu public aujourdhui est un désaveu flagrant
de tout le processus qui a amené le gouvernement Charest à choisir
les partenariats public-privé (PPP) pour la construction des deux
méga-hôpitaux montréalais, estime le Syndicat canadien de la
fonction publique (SCFP). «Depuis
des années, nous dénonçons le piège des PPP et leurs fausses
économies, affirme Lucie Levasseur, présidente du
SCFP-Québec. Aujourdhui, un
rapport indépendant vient confirmer quil faut trafiquer les
évaluations et les analyses pour faire apparaître les PPP comme
plus avantageux.»
Pour le vérificateur, «les analyses de la
valeur ajoutée par PPP Québec ne
permettent pas de soutenir la conclusion que leur réalisation en
mode PPP est préférable à une réalisation en mode traditionnel par
le secteur public». Selon lui, les erreurs de parcours sont
nombreuses et lensemble du processus a favorisé indument loption
des PPP. Le vérificateur relève, par exemple, labsence danalyse
réelle reliée à limpact de la variation du montant de risque sur
le résultat final. En ce qui concerne lévaluation des coûts et du
déficit dentretien et du renouvellement des actifs, il parle
dhypothèses inappropriées qui «accentuent de manière exagérée lécart en
faveur du mode PPP» ou même danalyses «irréalistes». Enfin, il souligne que
le taux dactualisation (exercice par lequel on exprime en dollars
daujourdhui les flux monétaires associés aux deux options) a été
fixé à un niveau plus élevé que pour dautres projets en PPP, et
ce, sans aucune justification.
Pour le SCFP, labsence dune évaluation critique et indépendante
des analyses de PPP Québec démontre le parti pris idéologique du
gouvernement Charest. «On a fait
exprès de présenter un projet bonbon en PPP, sindigne
Michel Poirier, directeur québécois du SCFP. La conclusion était écrite davance et PPP
Québec a écrit le scénario qui permettait davoir cette fin. Cest
dommage parce que ce sont tous les contribuables qui vont payer la
note maintenant. À moins que le gouvernement fasse un choix
rationnel et opte pour le mode traditionnel.» Le plus grand
syndicat au Canada rappelle les dérapages de nombreux projets en
PPP dans les autres provinces et insiste sur la nécessité davoir
des services publics offerts par le secteur public. «Les PPP nont jamais fait la preuve quils
sont plus avantageux. Le secteur public ne doit pas abdiquer ses
responsabilités, mais tout mettre en uvre pour offrir des services
de qualité à coût abordable», de conclure Lucie Levasseur.
Comptant près de 105 000 membres au Québec, le SCFP est présent
dans plusieurs secteurs dactivités, entre autres, la santé et les
services sociaux, léducation, les universités, les municipalités,
lénergie les transports urbain et aérien, les communications, les
sociétés dÉtat et organismes publics québécois. Il est aussi le
plus important syndicat affilié de la FTQ.