JUDY DARCY QUITTE LA DIRECTION DU SCFP
26 février 2003
OTTAWA, le mercredi 26 février 2003 – La dirigeante de l’un
des plus puissants syndicats du Canada – et la plus féroce
adversaire de la privatisation au pays – a annoncé qu’elle quittait
son poste en octobre. Judy Darcy, présidente nationale du Syndicat
canadien de la fonction publique, le plus grand syndicat du Canada,
a annoncé cette semaine qu’elle ne se représentera pas au prochain
congrès national prévu à l’automne.
«Je suis aussi passionnée que je l’ai
toujours été par les droits des travailleuses et travailleurs, la
privatisation, l’égalité et la paix, a dit Mme Darcy. Mais
je crois qu’après douze ans à la tête du SCFP, il est temps de
livrer ces batailles autrement.»
Sous la direction de Mme Darcy, le SCFP a été à l’avant-garde de la
lutte pour les droits des travailleuses et travailleurs des
services publics et contre leur contrôle par des entreprises
privées. Le syndicat s’est aussi opposé à la privatisation des
soins de santé, de l’eau, de l’éducation, de l’électricité et
d’autres services communautaires essentiels. Au travail, dans la
rue, devant les tribunaux et dans les corridors des législatures,
le SCFP a joué un rôle clé dans la lutte contre la prestation à but
lucratif des services publics.
«Je suis fière des succès que nous avons remportés dans nos
batailles contre la privatisation, a dit Mme Darcy, qui a donné
l’exemple de victoires aussi cruciales que l’échec de la vente de
Hydro One, l’annulation de la privatisation du système de
traitement des eaux usées à Vancouver et la construction d’un
nouvel hôpital public, et non privé, à l’Île-du-Prince-Édouard.
Nous avons contribué à faire de la privatisation l’un des enjeux
les plus importants pour les Canadiennes et les Canadiens en
abordant le sujet à la table de négociation et dans d’innombrables
campagnes communautaires et nationales.»
Pendant les six mandats de Mme Darcy à la présidence, le SCFP est
passé de 410,000 à 527,000 membres et est devenu non seulement le
plus grand syndicat du Canada, mais aussi celui qui grandit le plus
rapidement. Mme Darcy attribue une bonne partie de cette croissance
au militantisme dont a toujours fait preuve le syndicat dans la
défense des droits des travailleuses et travailleurs. Six mois
après son élection, le SCFP organisait une grève générale au
Nouveau-Brunswick, obligeant le gouvernement à retirer sa loi sur
le contrôle des salaires et ouvrant la voie à des augmentations de
salaires dans le secteur public partout au pays, après des années
de restrictions.
La même année, elle a aussi lancé la première campagne nationale du
syndicat pour sauver l’assurance-maladie, un enjeu qu’elle défend
constamment depuis.
La marque de commerce du leadership de Mme Darcy a été son
engagement envers l’édification d’un militantisme à la base, ainsi
que sa présence aux premières lignes avec les membres du SCFP d’un
bout à l’autre du pays. Elle s’est mérité une réputation de
défenseure articulée, infatigable et passionnée des droits des
travailleuses et travailleurs et des droits des gens ordinaires.
«Les travailleuses et les travailleurs savent que la meilleure
protection au travail est une convention collective du SCFP,a
dit Mme Darcy. Qu’il s’agisse de salaires, de charge de travail
ou de conditions de travail, le SCFP a démontré sa force dans la
défense des droits des travailleuses et des travailleurs. Nous
avons énergiquement syndiqué les non-syndiqués et négocié des
fusions. Résultat : nous avons continué de grandir.»
D’abord élue en 1991, Mme Darcy a été pendant de nombreuses années
la seule femme à diriger un grand syndicat au Canada. Elle a été
une chef de file dans la lutte pour l’égalité des femmes, en aidant
à réaliser d’importantes percées dans des dossiers qui vont des
congés parentaux à l’équité salariale. Sous sa direction, le SCFP a
poursuivi le gouvernement fédéral devant les tribunaux et, dans un
jugement charnière, a réussi à obtenir le droit aux prestations de
retraite pour les conjoints du même sexe. Le SCFP a aussi négocié
des mesures innovatrices en équité en matière d’emploi, dont des
ententes qui accroissent la représentation des travailleuses et
travailleurs autochtones dans le secteur public.
Mme Darcy compte s’installer en Colombie-Britannique avec sa
famille. «Je ne sais pas ce que je ferai, a-t-elle dit.
Mais je sais qu’il y a d’immenses luttes à livrer contre Gordon
Campbell en Colombie-Britannique et contre notre premier ministre
en attente, Paul Martin – sans parler des privatiseurs et des
faiseurs de guerre partout.»
«J’ai très hâte de faire partie de toutes ces luttes, a ajouté
Mme Darcy. Je n’ai certainement pas l’intention de prendre ma
retraite.»
Mme Darcy a commencé à militer au SCFP en 1972, à Toronto, où elle
travaillait comme commis de bibliothèque. Elle a été élue
secrétaire-trésorière nationale en 1989, puis présidente nationale
deux ans plus tard, poste auquel elle a été réélue à six reprises.
Les élections pour le remplacement de Mme Darcy se tiendront au
congrès bisannuel du SCFP, qui doit avoir lieu à Québec en octobre
2003.