10,000 personnes dans les rues de Trois-Rivières pour la Marche mondiale des femmes au Québec
17 octobre 2015
Ce sont 10,000 femmes et leurs alliés qui se sont réunies au Parc de l’exposition à Trois-Rivières pour prendre les rues et faire entendre leur opposition aux politiques d’austérité, aux impacts environnementaux d’un développement économique basé sur l’extractivisme, aux impacts des politiques militaristes et guerrières ici et ailleurs dans le monde, et se mobiliser pour le respect du droit à l’autodétermination des peuples autochtones. Ce rassemblement était le point culminant de la 4e action internationale de la Marche mondiale des femmes amorcée le 8 mars dernier par un vaste mouvement féministe d’éducation populaire et d’action collective.
Les femmes absentes de la campagne électorale
Cette grande mobilisation féministe s’est déroulée au terme d’une campagne électorale fédérale où les femmes ont été absentes. Les partis en élection n’ont pas jugé bon de débattre d’enjeux liés aux inégalités entre les femmes et les hommes, entre les femmes elles-mêmes et de la lutte aux violences envers les femmes. «À deux jours du scrutin, nous sommes forcées de constater que les partis en élection sont complètement déconnectés des préoccupations portées par les groupes de femmes. La marche d’aujourd’hui rappelle que nous refusons d’être effacées de l’espace politique», a souligné Mélanie Sarazin, co-porte-parole de la MMF et présidente de la Fédération des femmes du Québec. Les femmes qui se sont mobilisées aujourd’hui ont pourtant témoigné de l’appauvrissement, de la discrimination et de la violence auxquelles elles sont confrontées au quotidien et qui les empêchent de vivre une citoyenneté pleine et entière.
La demande d’enquête nationale sur la disparition et l’assassinat de femmes autochtones a été l’objet d’attention de la part de certains partis. «Certains partis ont pris des engagements pour réaliser une enquête nationale une fois élus. Nous ne sommes pas dupes que cet engagement sert le jeu électoral. Nous talonnerons les partis pour que cet engagement devienne réalité. 1186 femmes disparues ou assassinées en 20 ans, c’est plus qu’un enjeu électoral», a ajouté Viviane Michel, co-porte-parole de la MMF et présidente de Femmes autochtones au Québec. Rappelons que cela fait maintenant 10 ans que les associations de femmes autochtones au Canada demandent une commission d’enquête et qu’elles n’ont eu jusqu’à maintenant qu’une fin de non-recevoir de la part des partis au pouvoir. Aujourd’hui, lors du rassemblement, un die-in a été organisé en mémoire de ces femmes autochtones disparues ou assassinées, auquel 930 femmes ont pris part.
Des solidarités féministes sans frontières
Le grand rassemblement d’aujourd’hui était également la dernière étape d’une caravane des résistances et solidarités féministes qui a parcouru plus de 5000 km pour aller à la rencontre des femmes dans leurs régions et leurs communautés. De Saint-Liguori en passant par Montréal, Laval, Maniwaki, Saint-Jérôme, Val-d’Or, Lebel-sur-Quévillon, Alma, Baie-Comeau, Matane, New Richmond, Valleyfield, Lac-Mégantic et Rivière-du-Loup, la caravane a été témoin des luttes que mènent les femmes dans leurs milieux pour l’égalité et la justice sociale.
«Ce que nous avons vu, ce sont des femmes qui développent des alternatives pour créer une société libre de domination et en paix. Ce qui est clair pour nous, c’est que ces femmes ne lâcheront rien, tant que toutes les femmes ne seront pas libres», a souligné Chantal Locat, co-porte-parole de la MMF. Une caravane a aussi eu lieu à travers l’Europe et une autre en Espagne. Rappelons que la Marche mondiale des femmes est un mouvement international et permanent d’actions féministes qui se déroule dans une soixantaine de pays et territoires.
17 octobre, journée internationale pour l’élimination de la pauvreté
Au Québec comme ailleurs dans le monde, les femmes de la MMF ont choisi le 17 octobre pour être en action afin de rappeler qu’encore aujourd’hui les femmes sont davantage touchées par la pauvreté. Les politiques mises en place par les gouvernements produisent et renforcent les inégalités vécues par les femmes. Les politiques d’austérité auxquelles nous sommes confrontées s’inscrivent dans une logique économique et politique mondiale qui détruit le filet social et les programmes sociaux, privatise et tarifie les services publics.
«Ces politiques nuisent aux femmes plus particulièrement parce qu’elles sont plus nombreuses à vivre dans la pauvreté. Nous sommes ici aujourd’hui pour démontrer que ce monde n’est pas celui que nous voulons. Notre action ne s’arrête pas aujourd’hui, elle se poursuivra pour créer un monde d’égalité, de justice, de solidarité, de liberté et de paix pour toutes les femmes», a conclu Joanne Blais, co-porte-parole et directrice de la Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie.