Mort tragique d’un opérateur de métro
27 mai 2002
Mario Beaulieu, opérateur de métro, avait 52 ans. Il n’était pas le
dernier venu. Il comptait vingt et un an de services, dont un peu
moins de deux années comme opérateur de métro. Marié, sans enfant,
homme dévoué, Mario Beaulieu était toujours celui qui rendait
service aux autres et qui n’hésitait surtout pas à s’engager dans
plusieurs associations dont, parmi bien d’autres, le club social du
garage St-Laurent de la Société de transport de Montréal (STM).
Au petit matin du 15 mai, il allait remplacer un confrère qui
semblait en retard mais qui est arrivé sur l’entrefaite. La
présence de Mario n’étant plus requise dans la cabine de conduite,
il est retourné à son poste de travail dans la resserre des
opérateurs. Et, comme on le fait depuis toujours, il s’est engagé
sur le passage en bois, au bout de la station, pour traverser les
rails sans être électrocuté. Bang! Un autre train filait. La rame
l’a frappé de plein fouet et l’a traîné sur plusieurs mètres. Il
est mort sur le coup.
Pierre Raby du SCFP 1983 (Syndicat des chauffeurs d’autobus,
opérateurs de métro et employés des services connexes de transport
de la STM ) nous dit que les employés sont tout simplement atterrés
par ce drame. « Je m’occupe de santé-sécurité depuis plus de dix
ans, nous a-t-il raconté ému, et en dix ans c’est le pire cas,
celui que je n’aurais jamais voulu voir. »
À la mort de Mario, il faut ajouter les huit autres employés,
témoins de la scène, qui ont été hospitalisés pour des sévères
chocs nerveux. « Présentement, ces employés sont en congé pour
au moins deux semaines et suivent régulièrement des séances de «
debriefing » pour leur permettre de reprendre le dessus, mais ce
n’est pas facile », nous dit Pierre Raby qui signale que deux
membres du syndicat (du PAE, le programme d’aide aux employés)
étaient sur place dans les instants qui ont suivi le drame et que
« cela a permis de rencontrer rapidement les autres employés
affectés. » On parle ici du PAE syndical, défrayé à même les
fonds du syndicat.
Depuis l’ouverture du métro de Montréal, il y a 37 ans, il s’agit
du troisième accident mortel, mais le seul où un train frappe un
opérateur de métro, membre du SCFP 1983.
L’enquête du coroner devrait être complétée d’ici peu. La CSST mène
aussi une enquête. Par mesure de sécurité et de prévention, le
passage des traverses de bois des stations St-Michel, Angrignon et
Longueuil reste interdit jusqu’à nouvel ordre.
Pas moins de 400 collègues de Mario, tant chauffeurs, opérateurs,
changeurs et membres des services connexes, se sont déplacés
jusqu’à Ste-Thérèse-de-Blainville pour assister à ses funérailles
et témoigner leur soutien et leur solidarité dans l’immense chagrin
qui afflige ses proches. En signe de deuil et de respect, les
membres du syndicat ont aussi porté un brassard noir pendant deux
jours.