Après un arrêt des moyens de pression qui aura duré plus de huit mois c’est à nouveau la grève à l’UQTR
20 novembre 2000
(Trois-Rivières, le mercredi 8 novembre 2000) – À compter de 8h30
ce matin (mercredi) les chargés de cours de l’Université du Québec
à Trois-Rivières (UQTR) sont en grève. 573 cours seront touchés par
cet arrêt de travail, soit la moitié de tout l’enseignement
dispensé par l’UQTR au semestre d’automne.
Les chargés de cours veulent ainsi relancer
les négociations avec l’université, négociations tombées au point
mort il y deux mois et demi. Malgré la présence d’un conciliateur
du ministère du Travail, aucune rencontre entre les parties
patronales et syndicales n’a eu depuis le 23 août. Les chargés de
cours sont sans contrat de travail depuis la fin mai 1999.
Les principaux points en litige concernent l’organisation du
travail (la stabilisation des chargés de cours qui enseignent
l’équivalent ou plus de la charge d’enseignement normale d’un
professeur régulier), l’amélioration des conditions d’encadrement
des étudiants (absence de bureau et de services, boîte vocale,
etc.), la place des chargés de cours à l’université et la question
salariale.
Le syndicat des chargés de cours (SCFP-FTQ) considère que le moment
est propice à une relance des négociations. Le 23 octobre dernier,
le conseil d’administration de l’UQTR a adopté la deuxième version
de sa proposition de contrat de développement intitulé La réussite
scolaire et professionnelle des étudiants. Dans ce document
officiel, la direction de l’UQTR reconnaît pour la première fois
que 47% des cours seront assumés par les chargés de cours dans les
années à venir. Cette reconnaissance sans équivoque du rôle que les
chargés de cours sont appelés à jouer pourrait paver la voie à des
échanges productifs à la table des négociations, estime le
Syndicat.
Historique de la présente ronde de négociations entre les chargés
de cours et l’UQTR
Les négociations entre les chargés de cours et l’UQTR ont commencé
en mars 1999. Elles prennent véritablement leur envol en novembre
1999 quelques semaines après la publication d’une étude de
l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) qui conclut que les
chargés de cours sont peu intégrés à la vie de l’institution
universitaire et sous-payés pour le travail qu’ils accomplissent.
L’ISQ chiffre l’écart de rémunération entre les professeurs
réguliers et les chargés de cours. En 1998-1999, le professeur de
l’UQTR recevait en moyenne 8236$ pour dispenser un cours de 3
crédits et le chargé de cours 4803$. L’ISQ précise que cet écart ne
s’explique pas par des tâches différentes ou des exigences de
qualification distinctes.
Fin novembre 1999, la direction de l’UQTR offre à ses chargés de
cours l’équivalent des paramètres gouvernementaux consentis aux
employés du secteur public et parapublic. Le syndicat propose à
l’UQTR une démarche commune auprès du ministre de l’Éducation.
Celle-ci est refusée par l’université.
Le 15 janvier 2000, les chargés de cours accordent à leur exécutif
syndical un mandat de grève dans une proportion de 95,24%. Le 21
février, les chargés de cours entrent en grève. Celle-ci va être de
courte durée puisque les moyens de pression sont suspendus quelques
jours plus tard. Les chargés de cours reprennent l’enseignement de
leurs cours le 28 février.
Le 7 mars, aux chargés de cours qui menacent de reprendre la grève,
le ministre M. François Legault demande de surseoir aux moyens de
pression lors d’une rencontre au ministère de l’Éducation,
Le matin du 15 mars, répondant à la demande formulée par le
ministre de l’Éducation, le Syndicat annonce qu’il renonce à tout
moyen de pression pour le reste du semestre d’hiver ainsi que pour
le semestre d’été. L’après-midi (15 mars) la direction de l’UQTR
menace d’annuler une partie des cours de l’été si elle ne parvient
pas à une entente avec ses chargés de cours avant la fin du mois de
mars. .
Le 21 mars, l’UQTR demande au ministère du Travail la présence d’un
conciliateur dans le dossier tout en réitérant sa menace
d’annulation des cours de l’été si aucune entente n’intervient
avant le 31 mars.
Le 24 mars, réunis à Trois-Rivières, tous les syndicats de chargés
de cours du Québec annoncent la création d’une Intersyndicale et
réitèrent leur appui aux collègues trifluviens en négociation et
faisant face à une menace de lock-out.
À la fin du mois du mars, aucune entente n’intervient entre les
chargés de cours et l’UQTR. La direction de l’UQTR met sa menace à
exécution et annonce l’annulation de 138 des 189 cours prévus pour
l’été. Le syndicat dénonce l’attitude de la direction de l’UQTR en
l’absence de moyens de pression.
Le 7 avril, les ministres de l’Éducation et de l’Industrie-Commerce
interviennent personnellement auprès de la rectrice, Mme Claire De
La Durantaye, et demandent de remettre les cours de la session
d’été en l’absence de moyens de pression du syndicat. Peine perdue,
l’UQTR maintient la ligne dure et procède à l’annulation des cours.
Les négociations se poursuivent tout de même en avril, mai, juin et
août. Mais le conciliateur Thomas Hayden arrive difficilement à
rapprocher les deux Parties. Malgré le lock-out affectant ses
membres, comme promis, le syndicat n’entreprend aucun moyen de
pression pendant la session d’été. En août, en réponse au dépôt
global du syndicat du 25 mai, la partie patronale offre les
paramètres du secteur public-parapublic assortis du renouvellement
du parc d’ordinateurs des chargés de cours tout en précisant qu’il
ne s’agit pas d’un dépôt final.
Déçus de la réponse syndicale à leur dépôt, les patrons annoncent
qu’ils n’entendent pas donner la réplique au syndicat et quittent
la table des négociations le 23 août. Le conciliateur constate
l’impasse et ajourne sine die les pourparlers. Aucune rencontre n’a
eu lieu depuis. Aucun moyen de pression n’a ponctué la session
d’automne jusqu’ici.
On se souviendra que les chargés de cours avaient déclenché un
arrêt de travail d’une semaine en février dernier. Ils avaient
repris le travail « pour donner une chance aux négos ». L’UQTR tenta
par la suite de forcer le jeu en menaçant d’annuler une grande
partie des cours de la session d’été si les chargés de cours
n’acceptaient pas son offre avant la fin du mois de mars. Qualifiée
d’insultante, l’offre patronale fut rejetée par les chargés de
cours le 1er avril. La semaine suivante la direction de l’UQTR mit
sa menace de lock-out à exécution et annula 138 cours d’été au
grand dam des étudiants et des chargés de cours.